Le marché international du vin - Faits et chiffres
Une consommation mondiale portée par l’émergence de nouveaux marchés
Le marché international du vin est dominé par l’Europe, et plus particulièrement par la France, l’Italie et l’Espagne qui sont à la fois les plus grands producteurs et les plus gros exportateurs mondiaux. Les trois pays avaient produit plus de 120 millions d’hectolitres de vin sur les 244 millions produits à l’échelle mondiale en 2023. Toutefois, le marché est loin de se cantonner au trio historique : la culture du vin s’est répandue à travers le monde, notamment en Amérique du Nord et en Asie, qui sont aussi devenues des marchés du vin importants. Si la France se distingue sur le marché international du vin, ce n’est pas tant grâce à la force de ses exportations en volume, mais plutôt à ses exportations en valeur, qui sont supérieures à ses pays rivaux de plusieurs milliards d’euros. Cependant, l’Hexagone se place au sommet d’un marché international en déclin : malgré des pics à presque 300 millions d’hectolitres en 2004, 2013 et 2018, la production mondiale a baissé de plus de 10 % en une vingtaine d’années.Si plusieurs facteurs impactent durement le marché international du vin, celui-ci pâtit en particulier du changement des habitudes des consommateurs. Après un pic de consommation mondiale à 246 millions d’hectolitres en 2017, et malgré le rebond de 2021 lié à la fin des restrictions Covid et à la réouverture des hôtels et des restaurants, la consommation mondiale n’a cessé de diminuer depuis. Alors que la consommation chinoise de vin, brutalement impactée par le ralentissement économique domestique, a chuté de 10 millions d’hectolitres en l’espace de 5 ans, la consommation européenne par habitant a elle aussi diminué de plusieurs litres depuis 2018. Cette baisse de la consommation est aussi liée au renouvellement des générations, et aux préférences des jeunes qui consomment davantage de bières, de cocktails et de boissons sans alcool : en France, la part de non-consommateurs et de consommateurs occasionnels de vin n’a cessé d’augmenter depuis les années 1980. Au contraire, outre-Atlantique, les Etats-Unis sont l’un des seuls marchés du vin encore en croissance. La consommation totale sur le territoire est en augmentation depuis 2005, passant de 687 à 1.100 millions de gallons en 2021, confirmant ainsi la place des Etats-Unis comme premier pays consommateur de vin au monde.
Changements dans les pratiques de production et de consommation
Comme dans de nombreux autres domaines, la présence de l'agriculture biologique s'accroît également dans l'industrie du vin. La part de l'agriculture biologique dans les vignobles a encore augmenté en 2021 pour représenter près de 8 % de l'ensemble de l'utilisation des terres viticoles dans le monde. Les établissements vinicoles qui proposent des vins biologiques répondent à la demande croissante des consommateurs pour des produits plus sains, tout en mettant l'accent sur l'utilisation durable des terres. Ce sont principalement les trois plus grands producteurs de vin au monde – la France, l’Italie et l’Espagne – qui portent le marché du vin bio, en consacrant chacun plus du quart de leur surface viticole à la production bio. Avec les États-Unis et l’Allemagne, ces pays totalisent aussi plus de la moitié de la consommation de vin bio sur la planète.D’autres tendances similaires ont peu à peu émergé dans les habitudes des consommateurs, telles que le vin biodynamique, qui tente d'améliorer la production de vin biologique en liant les pratiques agricoles aux cycles naturels, le vin végétalien, qui met fin à l’utilisation de protéines animales comme agents de collage pour éliminer les particules de sédiments du vin, le vin sans alcool ou très faiblement alcoolisé, le vin sans sulfites ajoutés et les vins naturels. Cette ouverture du marché à une consommation de vin plus respectueuse de l'environnement est fortement liée à la prise de conscience environnementale des consommateurs et des producteurs, accélérée par les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et qui affectent lourdement la production de vin partout dans le monde.
Les aléas climatiques et géopolitiques
Si la production mondiale de vin tend à diminuer, le réchauffement climatique ainsi que la propagation de maladies comme le mildiou sont loin d’y être étrangers. En France, les épisodes prolongés de gel tardif ont de lourdes conséquences sur les rendements, tandis que l’Italie, l’Espagne et la Grèce ont fortement souffert des pluies diluviennes et de la grêle en juin 2023. En dehors du continent européen, la production de vin n’est pas plus épargnée : les feux de forêts dévastateurs de 2020 et 2021 ont ravagé les récoltes en Australie et aux Etats-Unis ; les récoltes du Chili, de l’Afrique du Sud et de l’Argentine, ont aussi largement baissé. Enfin, plus que la destruction des récoltes, la hausse des températures a également un impact sur la qualité des vins : plus riches en alcool et moins acides, le dérèglement de ces paramètres oblige les producteurs à adapter leurs méthodes de production.En plus des difficultés économiques et climatiques que traverse le vin, ce dernier subit également les aléas géopolitiques : plus qu’un produit de consommation, de plaisir et d’art de vivre, il constitue une arme politique et diplomatique redoutable. La hausse des taxes à 25 % voulue par l’administration Trump sur les vins européens et français en 2019, élargie en 2021 aux vins tranquilles européens de moins de 14 degrés, à certains millésimes non pétillants et aux cognacs, après le contentieux divisant Airbus et Boeing, a eu un impact considérable sur les vignerons français. La taxe à plus de 200 % imposée en 2018 sur les vins australiens importés en Chine, alors premier débouché des producteurs australiens à cette date, à cause des tensions diplomatiques et économiques entre les deux pays, en est un autre exemple. Les effets délétères de ces guerres commerciales sont si dangereux pour les producteurs de vin, notamment en Europe où le vin représente un symbole culturel et un atout économique fort, que la Commission Européenne n’hésite pas à adopter des mesures exceptionnelles pour protéger le secteur. Celles-ci remédient alors aux déséquilibres pénalisant le marché vinicole de l’UE.