

La carte bancaire l’emporte sur les moyens de paiement traditionnels
En 1950, l’homme d’affaires Frank McNamara oublie son portefeuille lorsqu’il se rend dans un restaurant à New York. Il y laisse une carte en carton, qu’il appelle « Diners Club Card », pour garantir son paiement à une date ultérieure. La carte de crédit est née. Aujourd’hui, la carte bancaire est le moyen de paiement le plus utilisé par les Français au quotidien. Loin des quelques restaurants new-yorkais qui acceptaient en 1950 la carte « Diners Club », les cartes bancaires sont désormais acceptées par l’écrasante majorité des commerçants. En 2020, on dénombrait deux millions de commerçants acceptant la carte bancaire en France et plus de 2,6 millions de terminaux de paiement électronique, contre encore seulement 1,4 million en 2012.Plus de 90 millions de cartes de paiement sont en circulation en France, ce qui, avec une population de près de 68 millions, équivaut à plus de cartes que d’habitants. La valeur totale des transactions financières par carte de paiement est en hausse constante sur les 20 dernières années, atteignant plus de 662 milliards d’euros en 2021.
Alors que le nombre de retraits bancaires diminue, le Français moyen ne retirant que 54 euros en espèces par semaine aux distributeurs automatiques de billets, le nombre de paiements par carte augmente chaque année en France, atteignant 16,1 milliards de paiements en 2021, un record en Europe. Les Français sont également détenteurs du record d’Europe du paiement par chèque, même si son utilisation diminue d’année en année. En 2021, 1,1 milliard de paiements ont été effectués par chèque, contre encore 4,5 milliards en l’an 2000.
Finalement, les seules méthodes de transactions financières plus utilisées que la carte bancaire sont le prélèvement et le virement bancaire. L’utilisation de ce dernier, également très prisé dans le milieu professionnel, a fortement augmenté en 10 ans, en particulier depuis l’introduction du virement instantané en 2018.
La tendance d’une plus grande utilisation de la carte bancaire et du virement bancaire est notamment renforcée par la hausse de l’e-commerce et donc des achats en ligne, dont le paiement est souvent effectué par carte et qui permet rarement un paiement en espèces ou par chèque. En revanche, les achats en ligne peuvent également facilement être payés par paiement électronique, PayPal, Apple Pay ou Google Pay. Ce sont les nouveaux moyens de paiement.
Les nouveaux moyens de paiement : le sans contact, les applications et la biométrie
De plus en plus de Français décident de passer par un tiers de confiance pour effectuer des transactions financières, plus précisément par des plateformes sécurisant la transaction. Avec un chiffre d’affaires de plus de 25 milliards de dollars et 435 millions de comptes utilisateurs actifs dans le monde, PayPal est, de loin, le service de paiement en ligne le plus utilisé par les Français. Mais d’autres acteurs gagnent également du terrain : Amazon Pay, Apple Pay, Google Pay, Paylib ou encore Lydia.Parallèlement au développement de ces plateformes, les cartes bancaires se modernisent. Apparu en 2012 en France, le paiement sans contact utilise la technologie Near Field Communication (NFC) pour effectuer des paiements sans entrer le code, simplement en posant sa carte quelques secondes sur le terminal de paiement. Cette technologie a rapidement connu un franc succès. En 2021, ce sont 6,3 milliards de paiements qui ont été réalisés à l’aide de cartes bancaires sans contact françaises. Alors que les trois quarts des Français font confiance au paiement sans contact par carte bancaire, ils voient encore d’un mauvais œil le paiement sans contact via le smartphone. En effet, à partir du moment où le paiement sans contact est possible, il n’est plus essentiel que la puce soit nécessairement située dans une carte bancaire. Elle peut ainsi être placée dans un bracelet ou une montre. Elle pourrait, théoriquement, également être placée sous la peau, au niveau de la main par exemple.
Une autre tendance concerne le développement des méthodes d’authentification de paiement, c’est-à-dire des moyens servant à vérifier que c’est bien la personne titulaire de la carte bancaire qui a effectué le paiement. Une authentification considérée comme très sûre est celle faite avec le corps du payeur, c’est ce qu’on appelle la biométrie. Différentes méthodes sont alors possibles : l’authentification via l’empreinte digitale est par exemple déjà proposée par la BNP Paribas. L’authentification par reconnaissance faciale, comme elle est utilisée en Chine (on sourit à la caméra au-dessus de la caisse pour authentifier son paiement), est en revanche illégale en Europe pour des raisons de protection des données personnelles. En effet, ce type d’authentification suppose que les entreprises bancaires disposent de vastes banques de données biométriques, c’est-à-dire du corps ou du visage des clients, qui soient liées aux données bancaires. Cela créé des risques au niveau de la protection de la vie privée et pourrait permettre une forte surveillance et traçabilité des faits et gestes de chacun, ce qui pose particulièrement problème dans des régimes dictatoriaux qui souhaitent exercer de la discrimination envers un groupe spécifique de personnes./.