L'islam en France - Faits et chiffres
Pratiques religieuses des musulmans et musulmanes en France
Les musulmans ont des devoirs cultuels, souvent appelés les « piliers de l'islam ». Ces derniers comprennent la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, l’aumône, le jeûne du ramadan et le pèlerinage à La Mecque. Néanmoins, tous les musulmans ne vivent pas leur religion de la même façon. Alors que 58% d’entre eux indiquent effectuer au moins une prière par semaine, ils ne sont que 20% à fréquenter régulièrement une mosquée. Plus de la moitié des musulmans ne vont à la mosquée que lors d’occasions spéciales comme des fêtes religieuses ou des cérémonies familiales et un quart des fidèles n’y vont jamais. Les musulmans se rendant à la mosquée tous les vendredis sont majoritairement des hommes, et plutôt des ouvriers, artisans, commerçants ou chefs d’entreprise.Une pratique religieuse plus suivie en France est le ramadan. Il s’agit du neuvième mois du calendrier musulman, durant lequel les fidèles doivent s'astreindre à l'abstinence, c’est-à-dire ne pas manger, ne pas boire, ne pas fumer et ne pas avoir de relations sexuelles, entre le lever et le coucher du soleil. En France, plus de 70% des musulmans jeûnent lors du ramadan, un taux particulièrement élevé chez les moins de 25 ans. Les musulmans vivant en France sont également près de 70% à acheter systématiquement de la viande halal et près de 80% à ne pas boire d’alcool. Chez les femmes, ce taux monte même à 85%.
Enfin, concernant le port du voile, 58% des femmes musulmanes indiquent ne pas porter et ne jamais avoir porté ni le hijab, qui couvre les cheveux, le cou et les oreilles, ni le niqab, qui couvre également la partie du visage située sous les yeux. Elles sont seulement 19% à porter le voile quotidiennement. Alors que les musulmanes ayant immigré en France sont encore entre 28% et 46% à porter le voile, un taux variant selon leur région de provenance, les descendantes d’immigrés ne sont plus qu’entre 16% et 24% à le porter. En revanche, alors que ce taux diminue de génération en génération, il est en hausse en 2020 par rapport à 2009. Par exemple, seulement 11% des descendantes d’immigrés d’Afrique subsaharienne portaient le voile en 2009, contre 17% d’entre elles en 2020.
Contrairement aux autres pratiques des musulmans qui relèvent davantage du domaine privé, le port du voile est visible de tous, ce qui, pour certains, ne respecte pas le principe de laïcité. La laïcité garantit en effet la séparation de l’Église et de l’État et place la religion dans le domaine privé. C’est en se fondant sur ce principe qu’une loi interdisant le port de signes religieux ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics a été adoptée en 2004. Cette loi vise les signes religieux ostensibles, comme la croix, le voile, la kippa ou encore le turban. Contre 80% des Français catholiques et sans religion, les Français musulmans ne sont que 44% à être favorables à cette loi.
Racisme et discriminations
En France, la religion musulmane dans sa globalité est parfois incomprise ou amalgamée avec les mouvances islamistes extrémistes et djihadistes ayant organisé de violents attentats terroristes qui ont causé la mort de plusieurs centaines de personnes en France et en Europe.Cela aboutit à des discriminations et à du racisme. Ainsi, parmi les musulmans vivant en France, un quart estiment avoir fait l'objet de discriminations en raison de leur religion, lorsqu’ils ont été contrôlés par les forces de l’ordre ou lors de la recherche d’emploi. Certains musulmans sont victimes de ce qu’on appelle la discrimination multiple ou la discrimination intersectionnelle. Il s’agit de situations dans lesquelles plusieurs formes de discriminations ont lieu en même temps, par exemple une femme musulmane noire et voilée peut faire face à de la discrimination en raison de sa couleur de peau, de sa religion et de son genre.
L’islamophobie peut aller jusqu’à provoquer des violences. En 2022, sur 1.636 faits racistes recensés par le service central du renseignement territorial, 188 étaient des actes antimusulmans, parmi lesquels notamment des inscriptions à caractère anti-musulman, des propos et des gestes menaçants.
Alors que la majorité des Français ne s’estiment pas racistes, 44% des sympathisants LREM pensent que l’islam porte en lui des germes de violences et seulement 17% des sympathisants Rassemblement National affirment que la religion musulmane est compatible avec les valeurs de la société française.
En revanche, près de 80% des Français estiment que la grande majorité des musulmans pratiquent paisiblement leur religion et que seule une minorité d'islamistes radicaux est dans une logique de rupture avec les valeurs de la République. La plupart des Français se prononcent en faveur d'une lutte vigoureuse contre le racisme et contre les préjugés envers les musulmans, ainsi que pour le renforcement des sanctions envers les employeurs coupables de discriminations raciales ou religieuses./.