La relation qu’entretiennent les Français avec le féminisme est truffée de paradoxes. Ce n’est sans doute pas un hasard si les Français sont divisés à égalité parfaite sur leur identification en tant que féministe.
Bien que la majorité des Françaises se sentent libres, qu'une minorité de personnes estime que les droits des femmes sont menacés en France et que l'opinion publique juge le féminisme dépassé, cela ne les empêche pas pour autant d’être au fait des stéréotypes de genre, du manque de femmes aux postes dirigeants, de penser que les tâches ménagères sont toujours essentiellement assumées par les femmes et de prôner l’égalité salariale.
Toutes ces contradictions semblent s’expliquer par le fort scepticisme des Français vis-à-vis des associations féministes. Pour 63 % des Français, les mouvements féministes actuels ne leur donnent pas envie d'être féministe et 70 % d’entre eux pensent d’ailleurs que les féministes n’emploient pas les bonnes méthodes pour défendre leur cause. La moitié va même jusqu’à trouver que les féministes nuisent à l’image des femmes !
Il est vrai qu’un certain décalage entre les revendications féministes et les préoccupations des Françaises semble se dessiner. À titre d’exemple, la campagne menée par les associations « Osez le féminisme ! » et les « Chiennes de garde » pour l’arrêt de l’emploi du titre de civilité « Mademoiselle » n’a trouvé que peu d’écho auprès des premières concernées.
Malgré cette défiance, plus de la moitié des Français estiment que les associations féministes font progresser l’égalité hommes-femmes. Elles sont en effet nombreuses à accomplir un véritable travail de sensibilisation et d’information non seulement sur la parité entre les sexes, mais aussi sur les droits reproductifs, ou encore contre les violences infligées aux femmes.
Enfin, dans un souci de moderniser le combat féministe, la question du rôle des hommes se pose aussi de plus en plus : si la majorité des Français estiment que les hommes ne se mobilisent pas assez pour défendre les droits des femmes en France, les trois quarts d’entre eux voudraient voir les hommes plus investis dans la cause.