La corruption en France - Faits et chiffres
La corruption et ses formes : pouvoir et intérêts entrelacés
La rétrocommission est la méthode la plus utilisée : un accord entre une personne avec du pouvoir et une personne du secteur privé afin de négocier le prix du produit que l’Etat achète. Ainsi, la différence entre le prix du marché et ce que l’entreprise (ou la personne) reçoit pour ces services va directement dans un portemonnaie privé, c’est ce qu’on appelle la rétrocommission. D’autre part, les traitements de faveurs et plus particulièrement le népotisme qui consiste à utiliser son influence en faveur d’un proche. En six ans, on compte plus de 250 affaires de favoritisme poursuivies par la justice. La corruption représente une menace pour la prééminence du droit, la démocratie et les droits de l’Homme ; un abus de pouvoir à des fins personnelles.A l’image de l'arrestation d'Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen, pour corruption qui a secoué l'Union européenne en 2022. L’eurodéputée grecque est soupçonnée d'avoir versé des pots-de-vin afin d’influencer les décisions de l’UE avant la Coupe du monde au Qatar. Le Parlement a rapidement voté pour la destituer. Cette affaire a mis en lumière la corruption au sein de l'UE, la Grèce étant particulièrement pointée du doigt, avec plus d’une centaine d’affaires enregistrées.
Les élus locaux : perceptions faussées et « services rendus »
A côté de ces affaires retentissantes, il se passent tous les jours des petits pots de vins, des échanges de services, des décisions qui favorisent indument une entreprise au niveau local. En effet, les élus locaux représentent près de 40 % des affaires de corruption, loin devant les députés qui ne constitue que 5 % des affaires recensées en 2023.A priori devenir responsable politique est un choix de carrière lucratif, avec des députés gagnant 7.493 euros nets par mois, les plaçant parmi les 2 % de salariés les mieux payés. Toutefois, les députés sont une minorité des élus de la République. Les maires de petites communes ne font pas fortune grâce à leur seul mandat, touchant moins de 2.000 euros bruts par mois. Un travail mal payé avec des responsabilités parfois très lourdes et une charge de travail qui empiète sur la vie privée, ce sont les conditions de la majorité des maires en France. Outre le pouvoir, le symbole et la volonté de servir l’intérêt général, certains peuvent être motivés par des raisons financières. Être élu local permet de se faire des amis influents, de choisir les attributions des marchés publics ou encore d’obtenir un emploi pour un proche. Toutes ces pratiques sont illégales et relèvent de la corruption. Pourtant on assite à un réel paradoxe entre le niveau de confiance des Français dans leurs élus locaux et le niveau de corruption plus élevé de ceux-ci. Au total, 58 % des Français pensaient que les maires n'étaient pas touchés par la corruption contre 36 % pour les détenteurs du pouvoir exécutif.