Production de richesses et échanges extérieurs
À en juger par son taux de croissance, l’économie française semblait, jusqu'en 2020, en bonne santé : hormis une récession en 2009 liée à la crise des subprimes, la France a toujours eu une évolution de son PIB positive, avec une hausse constante depuis 2013. Mais l’inflation galopante en Europe a fortement ralenti la reprise post-COVID de 2021. Avec un PIB de près de 2,8 milliers de milliards de dollars en 2022, la France se hissait en 7ème position des pays les plus riches du monde, devant l’Italie, le Brésil et le Canada.Puissance industrielle majeure au début du XXᵉ siècle, l’économie française est désormais fortement tertiarisée. En 2020, une très forte majorité des entreprises s’inscrivaient dans le secteur des services et du commerce. La désindustrialisation du pays a fortement affecté de nombreux secteurs, dont les moyens de production sont dorénavant en Europe de l’Est ou en Extrême-Orient. Certaines industries restent néanmoins fortes en France, comme le luxe, les cosmétiques et l’aéronautique. C’est ce dernier secteur qui enregistre les meilleurs résultats à l’international. En 2023, le solde commercial de l’aéronautique était estimé à près de 30 milliards d'euros. Mais, au total, la France fait face à un déséquilibre très fort de sa balance commerciale. L’Allemagne reste son principal partenaire commercial, aussi bien à l’importation qu’à l’exportation. Même dans le secteur agricole, autrefois largement excédentaire, la France importe de plus en plus de produits alimentaires, notamment auprès de ses partenaires européens. Depuis 2015, le solde de la balance commerciale agricole est même devenu déficitaire. Mais, c’est bien l’importation de produits issus des énergies fossiles qui plombent le plus la balance commerciale. Le déficit commercial lié à l’énergie s’élevait à 100 milliards d’euros pour 2023 ; un chiffre en constante hausse en raison de la rupture des transactions avec la Russie, qui fournissait, jusqu’à la guerre en Ukraine, une large part du pétrole et du gaz en France.
Revenus et consommation des ménages
Depuis 2022, l’inflation est de retour en France. L’envol des prix de l’énergie sur le marché mondial a fait grimper l’inflation dans toute l’Europe. En janvier 2023, le prix du gaz avait doublé par rapport à 2015, et les produits de consommation ont augmenté de 20% dans le même temps. Le bilan de la France reste relativement épargné en comparaison aux pays d’Europe de l’Est, où l’inflation dépasse les 10%. C’est en Turquie que l’inflation est la plus forte en Europe, avec une augmentation moyenne de 50% des prix en 2023.L’immobilier reste un poste couteux pour de nombreux ménages en France. En 2022, le logement représentait 18,1% des revenus disponibles des ménages en France. De plus, les Français sont de plus en plus frileux à sauter le pas pour devenir propriétaires. En cause, la crise immobilière et l’envol des taux d’intérêt dans la zone euro. Pourtant, malgré cette période inflationniste et le poids du logement sur le budget des ménages français, le pouvoir d’achat était en légère hausse sur l’ensemble du territoire en 2022 par rapport à 2021. Il reste néanmoins à préciser le décrochage d’une partie de la population, dont les revenus continuent de diminuer. Entre mai 2017 et novembre 2021, les ménages dont les revenus sont les plus faibles ont vu leur niveau de vie baisser ; et depuis de nombreuses années, les écarts entre les hauts et bas salaires s’accentuent toujours plus. La tendance devrait se poursuivre. Plusieurs banques alimentaires, comme les Restos du Cœur, ont d’ailleurs réalisé plusieurs appels aux dons et aux subventions face à l’afflux massif de nouvelles personnes dans le besoin.
Alors que 2020 a été marqué par un pic des placements financiers des ménages, la tendance est fortement à la baisse depuis 2022. L’épargne en général est touchée par la stagnation du pouvoir d’achat des Français, avec une diminution de 3 points entre 2021 et 2022 du taux d’épargne des ménages en France.
Dépenses et recettes publiques
Comme la plupart des pays européens, la France contemporaine s’est construite sur le modèle de l’État-providence, modèle selon lequel le principe de solidarité et de redistribution des richesses s’applique et où l’État intervient dans le domaine de la protection sociale. Parmi les domaines d’intervention, on trouve l’Éducation nationale, l’un des principaux postes d’investissement des finances publiques, avec 80 milliards d’euros en 2022. La Sécurité sociale est également l’un des fondamentaux de cet État providence. La France assure des protections liées à l’âge, la maladie, le chômage et la famille. Le système de la Sécurité sociale est dans l’ensemble en équilibre budgétaire, entre les montants des cotisations et impôts perçus d’une part, et les pensions et aides versées d’autre part, le solde de la Sécurité sociale étant excédentaire ou déficitaire selon les postes. En revanche, concernant l’assurance chômage, le solde financier a été largement déficitaire en 2020 et 2021 avant d’enregistrer une première année excédentaire en 2022. Les premiers postes de dépenses de l’État français sont, de loin, ses différents engagements financiers, comme la gestion du patrimoine de l’État et les participations financières de l’État dans certaines entreprises. Un autre secteur régalien, la défense nationale, a vu ses investissements publics nettement augmenter entre 2017 et 2021.Les finances publiques sont fortement impactées par la fraude fiscale pratiquée en France et à l’international. Évaluer le montant réel de la fraude fiscale est un exercice difficile pour les économistes puisqu’il s’agit de transactions, omissions ou inexactitudes plus ou moins volontaires de la part des entreprises et des particuliers. Le ministère de l’économie et des finances avait estimé la fraude fiscale à plus de 20 milliards d’euros en 2015, soit 20 fois plus que la fraude sociale. D’autres estimations, comme celle du syndicat national des finances publiques, vont jusqu’à 100 milliards d’euros d’impôts non perçus par la France. La fraude fiscale, illégale, est à différencier de l’évasion fiscale, dont les contours légaux sont flous. Il y a évasion fiscale lorsqu’une entreprise ou un particulier utilise les subtilités, incohérences ou vides juridiques de plusieurs systèmes fiscaux afin de payer le moins d’impôts possible. La France, à travers sa taxe GAFAM, avait voulu supprimer un mécanisme fiscal dont bénéficient les géants du net pour ne payer qu’une infime partie du montant des impôts sur les sociétés qui devraient être redevables à la France, via des montages financiers dans des paradis fiscaux européens. Donald Trump, alors président des États-Unis, avait fait pression économiquement pour que ce projet de loi soit retiré. Au total, on estimait le manque-à-gagner lié aux optimisations fiscales des entreprises sur l’impôt sur les sociétés à 34 milliards de dollars en 2021 en France.