Le secteur du vélo en France - Faits et chiffres
Le marché du vélo électrique en pleine expansion
Après quelques années de progrès en termes de nombre de vélos vendus, le secteur enregistre une chute depuis 2021. En 2023, environ 2,23 millions de vélos se sont vendus en France, contre près de 2,8 millions en 2021.On observe cette baisse importante malgré l’émergence d’un nouveau sous-secteur : le vélo à assistance électrique. Cette aide électrique à la propulsion apporte un réel confort à la conduite, très utile notamment dans les villes. Bien que l’histoire du vélo électrique démarre dès la fin du XIXème siècle aux États-Unis, il fallut attendre près de cent ans avant que l’invention ne se popularise auprès du grand public, notamment grâce à la baisse des prix de conception des batteries. En France, sur les 2,2 millions de vélos vendus en 2023, 671.000 étaient des VAE. En 2022, on en dénombrait même 738.000, un record. Cela représente une véritable aubaine pour les marques du secteur, qui peuvent vendre des produits à très forte valeur ajoutée, puisque le prix moyen des VAE est quatre fois supérieur à celui d’un vélo classique.
Le lent développement des infrastructures pour les cyclistes
Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les citadins français avaient recours en masse à la bicyclette, avant que la voiture ne s’impose progressivement dans le modèle de développement urbain tout au long du XXème siècle, et cela jusqu’à représenter plus de la moitié de l’espace public à Paris, selon une enquête du quotidien Le Monde en 2015.Aujourd’hui, la tendance est à la réduction de la place de la voiture dans de nombreuses grandes métropoles françaises. Contrairement aux villes allemandes, danoises ou encore néerlandaises, qui possèdent une culture du vélo très développée depuis des décennies, les municipalités françaises n’ont que très récemment lancé des grands « plans vélo ».
En 2015, la ville de Paris a lancé un premier programme à hauteur de 150 millions d’euros pour doubler la longueur totale de pistes cyclables disponibles dans la capitale, afin d’atteindre les 1.000 kilomètres de pistes cyclables. Les protestations ont été très fortes chez les automobilistes, notamment autour de la fermeture des berges de Seine. C’est pourtant un succès, car les quais de Seine faisaient partie des itinéraires les plus empruntés à vélo en France en 2023. Cependant, l’usage du vélo demeure limité aux habitants « intra-muros », car dans la grande couronne parisienne, moins de 5 % des habitants l’utilisent pour se déplacer.
Malgré d’importants progrès, il reste de nombreux investissements à réaliser pour l’accueil et la sécurité des cyclistes dans certaines villes. Alors que 17 % des habitants de Strasbourg et de Grenoble se rendent au travail à vélo, les villes du Sud, comme Nice et Marseille, se classent parmi les dernières en termes de pratique cycliste, ce qui reflète une moindre facilité pour les habitants d’y circuler à vélo.
Les associations de cyclistes réclament de nombreux aménagements visant à assurer la sécurité des tracés. Le partage de la voirie avec les automobilistes peut s’avérer dangereux pour les cyclistes, les voitures représentant toujours le premier facteur d’accident mortel pour un cycliste. Le nombre de cyclistes tués sur la route a d’ailleurs nettement augmenté depuis 2020, avec 221 accidents mortels en 2023.
Même si certaines villes ont encore une grande marge de progression, c’est dans les zones péri-urbaines et rurales que les conditions sont les plus difficiles. Les cyclistes doivent fréquemment partager la route avec des voitures roulant plus vite qu’en ville. Malgré les défauts, on enregistrait une progression du trafic à vélo dans ces espaces entre 2022 et 2023.
Afin de favoriser l’utilisation du deux-roues, les pouvoirs publics s’efforcent aussi de proposer des moyens de stationnement simples d’accès. Dans les grandes villes, où l’espace est limité, les garages à vélo se multiplient, en particulier dans certaines régions. Il n’existe cependant pas encore en France de parking à vélo de la taille de celui de Koningin Julianaplein aux Pays-Bas, qui peut accueillir 7.000 bicyclettes sur seulement 8.000 mètres carrés, soit un terrain et demi de football. À titre de comparaison, il faudrait plus de 20.000 mètres carrés de places de parking pour garer 8.000 personnes dans 1.750 voitures, soit la configuration optimale avec quatre personnes dans chaque voiture.
Ces plans vélo s’accompagnent d’un redéploiement des transports en commun dans le but de désengorger les villes. La France a été précurseur sur ce point dans les années 1980, avec le retour progressif du tramway dans les centres villes. Il reste néanmoins de nombreuses inégalités d’accès aux transports en commun avec des difficultés d’accès notamment dans les zones rurales.