
L’expression de sobriété énergétique est utilisée pour désigner la réduction de la production et de la consommation d’énergie primaire via un changement de comportement. En d’autres termes, il s’agit d’éviter toute surconsommation d’énergie en tenant compte de notre impact environnemental, mais aussi de ce que sont nos besoins réels. Et dans un contexte à la fois d'urgence climatique mais aussi de crise énergétique en lien avec la guerre en Ukraine, la France doit impérativement sortir progressivement de sa dépendance aux énergies fossiles et réduire sa consommation d’énergie.
Un contexte favorable à la mise en place accélérée de la sobriété énergétique en France
Les prix de l’énergie ont explosé depuis le début de l’année 2022 en Europe et la France n’est pas épargnée. Selon les prévisions de la Banque Mondiale, le cours du pétrole brut devrait atteindre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022, ce qui correspond à son plus haut niveau depuis 2013 - et à une augmentation de plus de 40 % par rapport à 2021. Les cours du gaz naturel (européen) devraient être deux fois plus élevés en 2022 qu’en 2021, tandis que les prix du charbon devraient être 70 % plus élevés, soit des sommets historiques dans les deux cas.Cette inflation de l’énergie est la conséquence de plusieurs facteurs qui se sont cumulés. La reprise économique et industrielle après la crise sanitaire tire tout d’abord les prix à la hausse depuis la fin de l’année 2021. À cela s’ajoute la guerre en Ukraine qui a provoqué une baisse drastique des exportations de gaz naturel russe vers l’Union Européenne, faisant ainsi augmenter les prix de cette source d’énergie, alors même que près d’un tiers du gaz consommé en Europe est importé de Russie, soit 8,5% du total du mix énergétique de l'UE.
Mais en France la crise énergétique est renforcée par le dysfonctionnement du parc nucléaire : entre la sécheresse qui a affecté les cours d’eau utilisés pour le refroidissement des réacteurs et le vieillissement des infrastructures qui nécessitent des opérations de maintenance, une grande partie du parc nucléaire est mis à l’arrêt. Ainsi, au 1er septembre 2022, seuls 24 des 56 réacteurs nucléaires d’EDF étaient opérationnels. Or la France, habituellement autosuffisante et même première exportatrice au monde d’uranium appauvri, est obligée de se fournir, elle aussi, sur le marché européen de l’électricité, contribuant à la tension des prix.
Pour finir, la sécheresse qui a touché l’Hexagone durant l’été 2022 a également impacté les barrages qui sont en manque d’eau, mettant en péril la production d’hydroélectricité. Une situation qui souligne une fois de plus l’urgence climatique et donc l’impérativité de la baisse des consommations et la décarbonation de l'énergie qui passent par le plan de sobriété énergétique.
La sobriété énergétique passe par une baisse de consommation de tous les acteurs
Selon l’ONG NégaWatt, en moyenne 30% de la facture d’énergie acquittée par une entreprise ou un foyer représente une dépense inutile. Ce gaspillage a lieu par exemple lorsque les lumières restent allumées dans les pièces inoccupées de la maison, le chauffage est maintenu à une température élevée même quand il n’y a personne, les appareils électriques sont continuellement en marche etc.En 2021, 1627 térawatt-heure ont été consommé en France. Les deux secteurs qui consomment le plus sont les transports et le logement, constituant à eux deux 62% du total d’énergie consommé. On retrouve ensuite l’industrie (19%), le tertiaire (16%) et enfin l’agriculture (3%).
Annuellement, les résidences principales consomment 492 térawattheures. Et le chauffage contribue à deux tiers de cette consommation. C’est dans ce contexte que la rénovation énergétique s’est développée, afin de concrètement agir pour le climat et réduire la facture énergétique des Français. En 2021, le Gouvernement recensait près de 5 millions de passoires thermiques, logements particulièrement énergivores du fait de leur mal-isolement (Diagnostic de Performance Énergétique F ou G, cad qui consomment plus de 331 Kwh/m2/an). En 2025, les logements notés G seront interdits à la location en métropole et les logements F en 2028. Ces mesures visent à encourager la rénovation énergétique des passoires thermiques, également soutenue par le dispositif « MaPrimeRénov » offrant jusqu’à 9000 euros d’aide pour passer d’une chaudière au gaz à une pompe à chaleur en logement individuel.
Finalement, le plan de sobriété énergétique français veut encourager le covoiturage en versant une prime de 100 euros et rendre la prise en charge des forfaits de transport en commun ou de service public vélo afin de diminuer la part des transports dans la consommation énergétique totale. Surtout lorsque l’on sait qu’encore près d’un tiers des Français prennent leur voiture pour réaliser une distance inférieure à 2 kilomètres !
Mais la sobriété énergétique permettrait également à la France de sortir plus rapidement des énergies fossiles, constituées de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Alors qu’elles sont extrêmement polluantes avec un record pour le charbon qui rejette en moyenne 820 grammes de CO2 par kilowattheure, elles représentent encore 46,2% de la consommation d’énergie primaire en France.