Le handicap en France - Faits et chiffres
Le handicap en France : personnes concernées et types de handicap
Le handicap touche les Français de façon inégale. D’abord, les personnes issues de milieux sociaux défavorisés ont plus de chances de souffrir d’un handicap. Seulement 30 % des personnes en situation de handicap appartiennent aux catégories sociales supérieures. La plupart sont inactives ou issues de catégories socioprofessionnelles défavorisées. De plus, le handicap touche davantage les personnes plus âgées que les plus jeunes. Si moins de 10 % des personnes en situation de handicap ont entre 5 et 19 ans, 66% des personnes en situation de handicap en France sont âgées de plus de 50 ans et 9% sont âgés de 85 ans et plus.Cela s’explique notamment par le fait que 85 % des handicaps ne sont pas d’origine génétique. En effet, la majorité des handicaps s’acquièrent au cours de la vie, avec l’âge, mais aussi après des accidents et des maladies qui peuvent amener à des situations de handicap. Les types de handicap sont multiples et les handicaps sont souvent invisibles. Un handicap peut être moteur, sensoriel, mental ou psychique. Les handicaps sensoriels incluent notamment la cécité et la surdité, tandis que les handicaps psychiques concernent les troubles mentaux comme les troubles de l’attention et la dépression. Des maladies chroniques comme le diabète et l’épilepsie peuvent également être reconnues comme un handicap si elles affectent la qualité de vie. Elles font partie des handicaps invisibles.
Les discriminations subies
Les personnes handicapées font fréquemment face à de la discrimination. En 2023, les discriminations liées au handicap concernaient 21 % des réclamations adressées au Défenseur des droits, en faisant ainsi le premier motif de discrimination signalé à cette institution, suivi par celles liées à l’origine. La mission du Défenseur des droits, inscrite dans la Constitution, est de veiller au respect des droits et libertés des personnes en France.La discrimination contre les personnes handicapées est visible dans de nombreux secteurs. Dans le domaine de la santé par exemple, alors que 12 % des Français déclarent avoir du mal à se soigner, ce chiffre grimpe à 28 % pour les personnes en situation de handicap. Les données sont similaires concernant le logement : alors que 11 % des Français rencontrent des difficultés à accéder à un logement adéquat, ce taux atteint 32 % pour les personnes en situation de handicap.
Les personnes handicapées sont également pénalisées dans le monde professionnel. Seules 45 % des personnes déclarant disposer "d’une reconnaissance administrative d’un handicap ou d’une perte d’autonomie" ont un emploi, tandis que 39 % sont inactives et 12 % au chômage. Pour comparaison, le chômage touche seulement 7 % de la population générale en France. 75 % des personnes en situation de handicap estiment difficile l’accès à l’emploi.
Les violences subies
De nombreuses personnes en situation de handicap ne font pas seulement face à de la discrimination en raison de leur handicap mais cumulent cela avec de la discrimination pour d’autres raisons, par exemple en raison de leur couleur de peau, de leur âge ou de leur sexe. C’est ce qu’on appelle la discrimination multiple ou intersectionnelle.Dans son étude sur l’intersectionnalité dans l’Union européenne, la professeure de droit Sandra Fredman propose trois grandes approches pour conceptualiser la discrimination fondée sur plus d’un motif : la discrimination multiple séquentielle, lorsqu’une personne fait l’objet de discrimination pour divers motifs en des occasions distinctes, la discrimination multiple additive, lorsqu’une personne subit une seule discrimination mais pour plusieurs motifs, et la discrimination intersectionnelle, lorsqu’une personne est victime de discrimination pour plusieurs motifs qui interagissent de manière inséparable. La discrimination intersectionnelle comprend les situations les plus complexes, dans lesquelles il n’est plus possible d’identifier séparément les motifs de discrimination.
Les femmes en situation de handicap subissent ainsi régulièrement des discriminations en raison de leur genre et de leur handicap. Dès 2012, l’agence ONU Femmes a souligné que les femmes et filles en situation de handicap sont plus exposées à la violence, et que le handicap peut aussi résulter de violences sexistes entrainant des invalidités mentales ou physiques.
En France, près d'une femme handicapée sur quatre a déjà subi des violences conjugales, un taux bien plus élevé que celui des femmes en général, qui sont 15% à déjà avoir subi des violences conjugales. Les femmes en situation de handicap sont également plus souvent victimes de viol. 16% des femmes en situation de handicap ont déjà subi un viol contre 9% de l’ensemble des femmes.
Action des autorités publiques, des associations et des entreprises
Pour pallier les inégalités auxquelles font face les personnes en situation de handicap, l’État agit à différents niveaux. D’abord, les autorités publiques allouent des aides financières aux personnes concernées, dont le montant total ne cesse d’augmenter chaque année. En 2009, l'État a dépensé environ 5,6 milliards d'euros pour les personnes souffrant d'un handicap. Ce chiffre s'élevait à plus de 9,6 milliards d'euros en 2022.L’Etat investit également dans l’accessibilité des lieux publics aux personnes en situation de handicap, par exemple en installant des places de parking réservées près des entrées et en mettant en place des accès prioritaires dans les lieux culturels comme les musées et les théâtres, ainsi qu’en construisant des rampes et ascenseurs pour permettre l’accès aux bâtiments publics. L’Assurance maladie quant à elle prend en charge les personnes atteintes d’un handicap en leur offrant des soins de prise en charge, des dispositifs et équipements spécifiques lors des traitements, et des aides financières.
Enfin, les autorités agissent au niveau législatif. Des lois et règlementations permettent aux personnes handicapées de bénéficier de plus de droits, notamment vis-à-vis des entreprises. Par exemple, le droit à une égalité de traitement à l’embauche ainsi qu’à des conditions de travail adaptées avec des aménagements de leur poste. De plus, les entreprises de plus de 20 salariés sont tenues d’employer au moins 6 % de travailleurs en situation de handicap, selon l’article L323-1 du Code du travail.
A côté des autorités publiques, certaines associations s’engagent dans le secteur du handicap. APF France Handicap par exemple, milite pour l’inclusion et propose des services d’accompagnement, alors que l’Union Nationale de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (UNAPEI) défend les personnes en situation de handicap mental via des solutions éducatives et d’hébergement.
Malgré les efforts de tous ces acteurs, les personnes en situation de handicap rencontrent encore de nombreuses difficultés en France. Pourtant, la visibilité du handicap augmente, notamment grâce à des événements tels que les jeux paralympiques. Alors que les trois quarts des Français adhèrent à l’idée que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont reçu une couverture médiatique insuffisante, ils sont 96 % à considérer que les JPO permettent de donner une image plus positive des personnes en situation de handicap. Les événements comme les Jeux Paralympiques sont des outils efficaces pour combattre les discriminations. En effet, 86 % des Français affirment que les Jeux permettent de remettre en question les stéréotypes associés aux personnes en situation de handicap. Cela permettra peut-être une société à l’avenir plus inclusive, dans laquelle le handicap sera vu de façon plus positive et inspirante.