Sheelah Delestre
Researcher French Market & global topics
Le télétravail en France - Faits et chiffres
La pandémie de Covid a été le catalyseur d’une tendance déjà présente auparavant : le télétravail. Alors que seulement 25% des salariés français pratiquaient régulièrement le télétravail en 2017, ce taux est passé à plus de 40% pendant la pandémie et est resté élevé après, s’établissant à 36% en 2022.
Le recours croissant au télétravail engendre des mutations profondes concernant le rapport des Français au travail ainsi qu’au monde de l’entreprise, et remet en question certaines choses qui paraissaient évidentes il y a encore quelques années, rendant par exemple possible la dissociation du lieu de résidence et du lieu de travail. Particulièrement plébiscité par les nouvelles générations, le télétravail offre plus de flexibilité et d’indépendance aux employés et permet aux entreprises de diminuer certains coûts, mais il présente aussi des défauts, dont la diminution de la cohésion entre collègues, sans oublier que le travail à distance n’est possible que pour un certain nombre de métiers. Connue pour ses longues pauses déjeuners entre collègues et l’importance du lien interpersonnel, la France approche plutôt timidement le télétravail par rapport à ses voisins européens comme la Belgique ou le Royaume-Uni. 59% des Français affirmaient même en 2022 ne jamais avoir télétravaillé.
Pour les personnes exerçant le travail à distance, le lieu d’exercice choisi est en général le domicile, où seulement 24% des télétravailleurs disposent d’un bureau dans une pièce dédiée pour télétravailler.
Les frontières entre vie professionnelle et vie privée peuvent devenir floues lors de la pratique du télétravail. En particulier les femmes, qui sont plus nombreuses que les hommes à télétravailler, ne peuvent pas toujours rester concentrées sur leur travail. 28% d’entre elles estiment être fréquemment interrompues par leurs enfants ou par des tâches domestiques.
Cependant, dans l’ensemble, environ 80% des Français estiment que le télétravail a un impact positif sur leur vie professionnelle et sur leur vie personnelle. Les Français estiment que le travail à distance leur permet de faire des économies financières et de gagner en autonomie, même s’il renforce la digitalisation du travail et ne favorise pas les échanges avec les collègues et le manager. Mais malgré les défauts, 51% des salariés souhaitent pratiquer plus souvent le télétravail. Les entreprises y trouvent également leur compte.
Un autre attrait du télétravail pour les entreprises est financier. Si l’on s’intéresse à l’évolution du marché des bureaux, on peut observer une forte diminution des investissements, passant de 26 milliards d’euros en 2019 à environ 10 milliards en 2021. Le télétravail permet aux entreprises de réduire leurs surfaces de bureaux, en instaurant des politiques de « flexible office », proposant aux salariés choisissant de venir travailler en présentiel de s’installer à un bureau disponible pour la journée. Dans le cas de salariés travaillant à 100% depuis chez eux, aucun bureau physique n’est nécessaire.
A partir du moment où une majorité de jours par semaine peuvent être télétravaillés, de nouvelles perspectives s’offrent aux salariés parisiens : s’installer en dehors de Paris, soit en banlieue lointaine, soit dans d’autres régions, par exemple dans des villes bien reliées à Paris en TGV, pour bénéficier de loyers et de prix d’achat de l’immobilier plus favorables. Autre attrait : habiter dans un environnement plus sain et moins pollué. 21% des Français estiment ainsi que le recours au télétravail est de nature à inciter à réaliser une mobilité géographique.
Le télétravail a même fait naître une nouvelle catégorie de travailleurs : les « digital nomads ». Ces personnes, majoritairement diplômées de l’enseignement supérieur, lient travail et voyages. Les digital nomads travaillent soit à 100% en télétravail, soit en freelance ou à leur compte et 60% d’entre eux ont moins de 40 ans.
En effet, le télétravail et la flexibilité, l’indépendance et le mode de travail digitalisé qu’il entraîne conviennent particulièrement aux jeunes générations. Alors que dans l’ensemble, les Français sont plutôt favorables à un mode de fonctionnement hybride, alternant jours de télétravail et jours de travail au bureau chaque semaine, les jeunes de 18 à 24 ans sont 41% à déjà avoir pratiqué le télétravail et 37% des moins de 30 ans vérifient en priorité les garanties offertes par une entreprise en termes de télétravail, de souplesse des horaires et de jours de congé, avant de s’engager dans un nouvel emploi. Pour attirer de jeunes talents, les entreprises ne vont donc peut-être pas avoir le choix./.
Le recours croissant au télétravail engendre des mutations profondes concernant le rapport des Français au travail ainsi qu’au monde de l’entreprise, et remet en question certaines choses qui paraissaient évidentes il y a encore quelques années, rendant par exemple possible la dissociation du lieu de résidence et du lieu de travail. Particulièrement plébiscité par les nouvelles générations, le télétravail offre plus de flexibilité et d’indépendance aux employés et permet aux entreprises de diminuer certains coûts, mais il présente aussi des défauts, dont la diminution de la cohésion entre collègues, sans oublier que le travail à distance n’est possible que pour un certain nombre de métiers. Connue pour ses longues pauses déjeuners entre collègues et l’importance du lien interpersonnel, la France approche plutôt timidement le télétravail par rapport à ses voisins européens comme la Belgique ou le Royaume-Uni. 59% des Français affirmaient même en 2022 ne jamais avoir télétravaillé.
Le recours au télétravail en France
En 2023, 33% des salariés français pratiquaient le télétravail au moins une fois par semaine. Alors qu’une part de plus en plus importante de salariés ont accès à cette pratique, la majorité des Français n’ont jamais recours au télétravail, principalement en raison de l’exercice de métiers qui ne s’y prêtent pas. Ainsi, 75% des Cadres ont déjà télétravaillé, mais seulement 17% des employés et 4% des ouvriers. Ensuite, la pratique du travail à distance varie en fonction du secteur, des taux particulièrement élevés de télétravail pouvant être observés pour les activités financières et d’assurance, ainsi que pour le secteur de l’information et de la communication, dans lequel 75% des salariés ont régulièrement recours au télétravail. Inversement, le télétravail est presque inexistant dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’hôtellerie et de la restauration.Pour les personnes exerçant le travail à distance, le lieu d’exercice choisi est en général le domicile, où seulement 24% des télétravailleurs disposent d’un bureau dans une pièce dédiée pour télétravailler.
Les frontières entre vie professionnelle et vie privée peuvent devenir floues lors de la pratique du télétravail. En particulier les femmes, qui sont plus nombreuses que les hommes à télétravailler, ne peuvent pas toujours rester concentrées sur leur travail. 28% d’entre elles estiment être fréquemment interrompues par leurs enfants ou par des tâches domestiques.
Cependant, dans l’ensemble, environ 80% des Français estiment que le télétravail a un impact positif sur leur vie professionnelle et sur leur vie personnelle. Les Français estiment que le travail à distance leur permet de faire des économies financières et de gagner en autonomie, même s’il renforce la digitalisation du travail et ne favorise pas les échanges avec les collègues et le manager. Mais malgré les défauts, 51% des salariés souhaitent pratiquer plus souvent le télétravail. Les entreprises y trouvent également leur compte.
Les entreprises pratiquant le télétravail
Alors que le secteur public est plus hésitant, de nombreuses entreprises du secteur privé ont mis en place le télétravail, en particulier de grandes entreprises. Ainsi, près de la moitié des entreprises de plus de 500 salariés offrent des jours de télétravail à leurs employés, contre seulement 5,5% des entreprises de moins de 20 salariés. La moitié des managers français ont une opinion favorable du télétravail. Malgré des difficultés à faire vivre la culture d’entreprise et à maintenir la cohésion entre les salariés, le télétravail représente, pour les dirigeants d’entreprises, un outil permettant d’améliorer la satisfaction et la productivité de leurs salariés. Le télétravail permet également d’attirer et de fidéliser les talents et de réduire l’absentéisme.Un autre attrait du télétravail pour les entreprises est financier. Si l’on s’intéresse à l’évolution du marché des bureaux, on peut observer une forte diminution des investissements, passant de 26 milliards d’euros en 2019 à environ 10 milliards en 2021. Le télétravail permet aux entreprises de réduire leurs surfaces de bureaux, en instaurant des politiques de « flexible office », proposant aux salariés choisissant de venir travailler en présentiel de s’installer à un bureau disponible pour la journée. Dans le cas de salariés travaillant à 100% depuis chez eux, aucun bureau physique n’est nécessaire.
Vers un choix libre du lieu de vie ?
La France est un pays centralisé, regroupant une importante part de l’emploi dans la région parisienne, en particulier les emplois de Cadres, qui sont justement ceux se prêtant davantage au télétravail. La part la plus importante de télétravailleurs exercent ainsi en Ile-de-France.A partir du moment où une majorité de jours par semaine peuvent être télétravaillés, de nouvelles perspectives s’offrent aux salariés parisiens : s’installer en dehors de Paris, soit en banlieue lointaine, soit dans d’autres régions, par exemple dans des villes bien reliées à Paris en TGV, pour bénéficier de loyers et de prix d’achat de l’immobilier plus favorables. Autre attrait : habiter dans un environnement plus sain et moins pollué. 21% des Français estiment ainsi que le recours au télétravail est de nature à inciter à réaliser une mobilité géographique.
Le télétravail a même fait naître une nouvelle catégorie de travailleurs : les « digital nomads ». Ces personnes, majoritairement diplômées de l’enseignement supérieur, lient travail et voyages. Les digital nomads travaillent soit à 100% en télétravail, soit en freelance ou à leur compte et 60% d’entre eux ont moins de 40 ans.
En effet, le télétravail et la flexibilité, l’indépendance et le mode de travail digitalisé qu’il entraîne conviennent particulièrement aux jeunes générations. Alors que dans l’ensemble, les Français sont plutôt favorables à un mode de fonctionnement hybride, alternant jours de télétravail et jours de travail au bureau chaque semaine, les jeunes de 18 à 24 ans sont 41% à déjà avoir pratiqué le télétravail et 37% des moins de 30 ans vérifient en priorité les garanties offertes par une entreprise en termes de télétravail, de souplesse des horaires et de jours de congé, avant de s’engager dans un nouvel emploi. Pour attirer de jeunes talents, les entreprises ne vont donc peut-être pas avoir le choix./.
