
En passant d’une économie industrielle à une économie de service, les professions ont aussi vu leurs exigences en termes de conditions de travail se transformer.
Grâce à l’amélioration des conditions de production et aux différentes avancées acquises notamment lors des luttes sociales des 19e et 20e siècles (réduction du temps de travail, congés payés, augmentation des salaires, reconnaissance de la pénibilité du travail…), la question des conditions de travail en France a évolué et s’attarde aujourd’hui sur de nouvelles thématiques comme le recours au télétravail, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, l’aménagement du lieu de travail, la migration pendulaire ou encore la santé mentale des salariés.
La question des conditions de travail est capitale, d’une part, car elles ont une influence sur la productivité, et d’autre part, parce qu’elles peuvent avoir des effets délétères sur la santé des travailleurs. En 2019, un tiers des arrêts de travail déclarés par les salariés français étaient dus à un état de santé détérioré par le contexte professionnel.
Car, bien que de manière globale, le constat du bien-être des Français au travail est plutôt positif (85 % d’entre eux aiment leur travail, et 81 % s’y sentent bien), certains évoquent une atmosphère de travail dégradée, marquée par un stress récurrent, une charge de travail trop importante ou encore du harcèlement. À tel point que la moitié des actifs français ont déjà ressenti de la souffrance au travail. Lorsque ces conditions de travail délétères persistent, le risque de sombrer dans le burn out, phénomène de plus en plus courant mais difficilement reconnu comme maladie professionnelle, n’est jamais très loin.
Avec la hausse de l’absentéisme en France et son coût non négligeable, la nécessité de créer une atmosphère et des conditions de travail adaptées s’impose dans l’intérêt du salarié comme de celui de l’employeur.
La notion de bien-être au travail s’inscrit de plus en plus parmi les enjeux salariaux. Les actifs ne veulent plus seulement vendre leurs compétences contre rétribution, mais attendent de leur activité professionnelle d’être agréable, épanouissante, voire même parfois d’avoir un impact sur le monde et la société. Ainsi, la quête de sens est au cœur des préoccupations des jeunes actifs : un emploi n’est plus qu’un gagne-pain, il est vecteur d’accomplissement personnel. Face à de nouveaux entrants sur le marché de l’emploi de moins en moins enclins à sacrifier leurs valeurs et leur vie personnelle, c’est un point que les employeurs seront de plus en plus amenés à prendre en compte dans les années à venir.
Pour autant, les Français restent pragmatiques et sont 60 % à citer le salaire comme premier facteur de motivation au travail.
Un autre axe d’amélioration des conditions de travail modernes pourrait concerner le lieu de travail. En effet, si une majorité de salariés français travaillent en bureau, l’open space s’est de plus en plus imposé au fil des décennies, avec tous les désagréments qu’il peut engendrer comme le bruit persistant ou encore le manque d’intimité. Ce type d’espace de travail recueille d’ailleurs le taux de satisfaction le plus faible.
Enfin, le travail fait partie des principaux lieux de socialisation des individus. De fait, en plus des relations entre collègues, les rapports avec les supérieurs hiérarchiques sont déterminants quant au bien-être des salariés. Ils recherchent ainsi chez leur manager respect, écoute et aptitude au leadership. Néanmoins, leurs attentes ne sont pas forcément comblées puisque plus de la moitié ne se sentent pas écoutés par leur hiérarchie et 30 % ne trouvent pas que leur manager les traite de manière juste et équitable. A contrario, les actifs français sont majoritaires à avoir établi une relation de confiance et de solidarité avec leur n+1 et se sentent reconnus dans la qualité de leur travail.