Pour mesurer l’ampleur de ce phénomène, on utilise le taux d’absentéisme, qui est calculé en faisant le rapport entre le nombre d’heures d’absence au travail et le nombre d’heures qui devraient être théoriquement travaillées. À noter que les absences telles que les congés payés, les RTT, les jours consacrés à la formation ne sont pas considérées comme de l’absentéisme.
Depuis les dernières années, le taux d’absentéisme en France n’a cessé de grimper et a atteint 5,1 % en 2018. Il est plus important chez les femmes (notamment pour des raisons familiales), les salariés de plus de 56 ans, et touche particulièrement le secteur de la santé.
Même si les salariés français étaient 57 % cette même année à n’avoir posé aucun jour d’arrêt de travail, un Français cumulait en moyenne 18,6 jours d’arrêt maladie par an, soit deux jours de plus qu’en 2015.
Le calcul de l’absentéisme en entreprise a un intérêt multiple : il permet non seulement d’évaluer l’implication et la satisfaction des employés, mais aussi d’évaluer les pertes économiques induites par leurs absences. En effet, il provoque souvent des perturbations dans le fonctionnement de l’établissement (avec réorganisation et redistribution du travail) et peut occasionner une baisse de productivité. Dès lors, suivre, trouver les causes et offrir des solutions à cet absentéisme représente un enjeu de taille pour toute entreprise.
Les motifs de l’absentéisme sont multiples : ils concernent majoritairement des situations de maladie (ordinaires ou professionnelles, c’est-à-dire découlant de conditions de travail difficiles), mais ils peuvent aussi être dus à des difficultés personnelles, une absence de motivation au travail, des problèmes liés au management de l’entreprise ou encore venir d’un épuisement professionnel (ou burn out).
On observe ainsi que l’absentéisme n’est pas forcément le résultat d’influences extérieures à l’entreprise, mais peut découler des circonstances internes à l’entreprise : méthodes de management mal vécues par les employés, harcèlement au travail, stress récurrent, charge de travail trop importante. Le monde du travail peut être un lieu de souffrance pour les actifs, et c'est le cas pour 50 % des Français. Par ailleurs, les personnes ayant des tendances suicidaires rapportent pour beaucoup avoir connu des difficultés d’ordre moral sur leur lieu de travail.
Les entreprises ont donc tout intérêt à mettre en place des stratégies pour diminuer le taux d’absentéisme de leurs salariés. D’abord, afin de se prémunir des conséquences néfastes de l’absentéisme sur leurs activités, notamment en développant le télétravail et le travail à temps partiel.
Ensuite, pour protéger ses salariés. À cette fin, plusieurs solutions existent : offrir des possibilités de développement professionnel pour lutter contre l’ennui (notamment via des formations), réorganiser la répartition du travail, aider à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, adopter un management bienveillant, créer une atmosphère de travail agréable, concevoir des espaces de travail plus confortables et plaisants, accroître le dialogue au sein des équipes… En somme, améliorer la qualité de vie au travail.
D’autre part, l’État a lui-même instauré des mesures pour lutter contre l’absentéisme au travail. Ainsi, le jour de carence (délai au cours duquel les indemnités journalières pour maladie ne sont pas versées par la sécurité sociale) a déjà un effet dissuasif sur les actifs français qui auraient besoin d’un arrêt maladie et préfèrent, pour la plupart, y renoncer. Preuve que l’absentéisme n’est pas qu’une question d’efficience économique, mais aussi de finances publiques.