La réforme des retraites en France - Faits et chiffres
On lui reproche d’autre part non seulement de peser trop lourd dans les finances publiques, mais aussi d’être trop dépendant de la démographie : il nécessite en effet un ratio équilibré entre le nombre d’actifs cotisants et le nombre de retraités afin que suffisamment de personnes soient en mesure de financer les retraites des seniors. Or, dans une société occidentale de plus en plus vieillissante, le nombre de retraités augmente plus vite que le nombre d'actifs.
Dès lors, dans un souci de simplification et d’efficacité économique, nombreux ont été les gouvernements qui ont formé des velléités de réforme du système de retraites français.
Parmi les options qui s’offrent aux pouvoirs publics, on peut trouver l’augmentation de l’âge de la retraite, la hausse du montant des cotisations (ce qui entraînerait alors une baisse du salaire net des actifs, et donc de leur pouvoir d’achat), ou encore la diminution du montant des pensions de retraite. On l’imagine aisément : aucune de ces solutions ne satisfait la population dans son ensemble.
D’autant plus qu’une majorité de Français estime qu’il n’est pas nécessaire de modifier le système actuel des retraites. En effet, les retraités français font partie des seniors ayant le meilleur niveau de vie en Europe, et la France jouit d’une démographie dynamique grâce à son taux de natalité suffisant pour atteindre le renouvellement des générations.
Pour autant, comme de nombreux avant lui, le gouvernement du Président Emmanuel Macron souhaite refonder le système des retraites.
Cette réforme suggère la mise en place d’un régime de base par points (sur le même modèle que la retraite complémentaire) dans lequel le montant de la retraite serait calculé en fonction des points accumulés au cours de la vie professionnelle. Ainsi, plus un actif travaille longtemps, plus il cotise et donc, plus sa pension de retraite sera élevée. De fait, la notion de « retraite à taux plein » disparaitrait.
Néanmoins, la réforme introduit le concept d’« âge pivot » fixé à 64 ans. Les personnes partant à la retraite avant cet âge subiront une décote sur leur pension de retraite, tandis que ceux arrêtant de travailler après 64 ans, eux, bénéficieront d’un bonus.
En outre, le gouvernement souhaiterait supprimer les régimes spéciaux pour obtenir un régime de retraite universel. Ainsi, salariés du privé et des régimes spéciaux, fonctionnaires, magistrats, militaires, agriculteurs, travailleurs indépendants, etc. seraient tous logés à la même enseigne et soumis au même régime.
De nombreux aspects de cette réforme ont suscité un fort rejet de la part des Français et le gouvernement a dû faire face à une résistance d’une ampleur rare en France. En effet, les services de transports ferroviaires de la RATP et de la SNCF sont entrés en grève dès le 5 décembre 2019 et ce, pendant 51 jours, soit la grève la plus longue jamais connue en France depuis 1968. En parallèle, plusieurs manifestations se sont organisées, réunissant dès son premier jour plus de 800.000 participants. Une contestation qui a majoritairement suscité la sympathie et même le soutien de la population dans son ensemble, malgré un essoufflement au fil des semaines.
En dépit des négociations entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux, la conservation des départs anticipés pour certaines professions de la fonction publique, l’extension du compte pénibilité, ainsi qu’un retrait provisoire l’introduction de l'âge pivot, la défiance des Français n'a pas faibli ; force est de constater qu’ils ne veulent pas de cette réforme dans son ensemble. Beaucoup craignent en effet un âge de départ en retraite de plus en plus tardif, une diminution du montant de leur pension de retraite à venir et voient dans cette loi le renoncement à un idéal de société fondée sur la solidarité.
Déterminé à mener à bien cette réforme qu’il juge nécessaire, le gouvernement a présenté son projet de loi devant l’Assemblée nationale, puis a eu recours à la procédure du 49.3 (qui permet à un gouvernement de faire passer un texte de loi sans nécessiter le vote du Parlement, mais en s’exposant à une motion de censure déposée par les députés de l’opposition) pour accélérer l’adoption du premier volet de cette loi. Les députés français ont ensuite majoritairement (mais non sans tensions de la part de l’opposition) voté en faveur du deuxième volet de cette réforme.
L’étape suivante prévue était que la loi soit examinée par le Sénat en avril 2020. Or, en raison des circonstances exceptionnelles liées à l’épidémie de coronavirus, le président de la République a annoncé la suspension de toutes les réformes actuellement en cours, dont celle concernant les retraites.