Le transport ferroviaire en France - Faits et chiffres
Une transition compliquée de la voiture vers le train
Aujourd’hui, le transport ferroviaire est le premier mode de transport en commun utilisé par les Français pour leurs trajets quotidiens : 14 % des Français déclaraient utiliser le plus souvent le métro et le RER, 7 % le TER et le TGV contre 14 % pour les autobus en 2022. Au total, plus de 108,7 milliards de voyageurs-kilomètres ont été parcourus en 2022 sur le réseau ferroviaire français. Si en 2015, le transport ferroviaire était lourdement concurrencé par les vols low cost et les prix bas des carburants, le passage du Covid en 2020 a bousculé les modes de déplacement des Français, notamment avec la démocratisation du télétravail et la possibilité de vivre loin de son lieu de travail.Plus que sa praticité, le transport ferroviaire tire également sa force de son impact environnemental limité. Dans un contexte global cherchant à réduire l’empreinte carbone des transports, le transport ferroviaire en France représente une infime partie des 130 millions de tonnes émises par l’ensemble du secteur des transports dans le pays cette année-là, avec près de 384 milliers de tonnes équivalent CO2 émises en 2022.
Toutefois, 82 % du transport national de voyageurs en France était réalisé au moyen de véhicules particuliers en 2022. Cette tendance semble se confirmer pour l’année 2024 : malgré la hausse substantielle du prix des carburants depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, 65% des Français prendront leur voiture personnelle pour leurs prochaines vacances d’été, contre 22% qui prendront le train. En effet, malgré son avantage environnemental indéniable, le transport ferroviaire reste cher. En 2023, il revenait en moyenne 2,6 fois plus cher pour les utilisateurs en France d’effectuer un trajet domestique ou européen en train plutôt qu’en avion, même pour de courtes distances. Si la France n’est pas le seul pays européen à faire face à cette flambée des prix, plus de 80% des Français déplorent les tarifs onéreux des TGV et des trains de proximité.
Acteurs du transport ferroviaire en France
Encore peu concurrentiel, peu de noms sont impliqués dans le secteur du transport ferroviaire. La SNCF, opérateur historique du rail en France, et Alstom, premier concepteur et fabricant français de matériel roulant, sont deux des plus connus. Alors que la SNCF tire son influence de SNCF Réseau, l’organe responsable de la distribution de « sillons », c’est-à-dire les créneaux de circulation alloués aux trains sur un parcours et à un instant précis, Alstom est, depuis l’acquisition en 2021 de son rival Bombardier, l’un des principaux acteurs mondiaux de matériels roulants, avec des commandes en provenance du monde entier. En France, l’entreprise a produit la majorité des matériels roulants TGV et TER en circulation.Avec les organismes de transport urbains déjà bien implantés que sont Keolis (appartenant à la SNCF), Transdev et la RATP, ces entreprises ont une maîtrise des infrastructures ferroviaires françaises qui rend le marché difficile d’accès pour les nouveaux entrants. Avec l’ouverture du marché du rail à la concurrence à partir de décembre 2020, seules quelques compagnies comme Trenitalia avec ses trains Frecciarossa et sa ligne Paris Lyon Milan ont su s’y intégrer.
Un réseau performant mais mal entretenu
29 ans : tel est l’âge moyen de l’ensemble du réseau ferroviaire français, quand celui de l’Allemagne est estimé à 17 ans bien que plus dense de près de 13.000 kilomètres. Alors que la Commission européenne présentait en 2011 le plan Transports 2050, consistant entre autres à doubler le trafic ferroviaire de marchandises et tripler le trafic ferroviaire de voyageurs à grande vitesse d’ici 2050, le budget de l’Etat français n’excède pas les 4 milliards d’euros pour les infrastructures et services de transports. C’est essentiellement SNCF Réseau qui assure les frais d’amortissement, d’entretien et du renouvellement des infrastructures ferroviaires françaises, ce qui se répercute directement sur la hausse des prix des billets payés par les voyageurs. Pour rattraper le retard pris par la France sur la maintenance et la modernisation de son réseau ferroviaire, un plan d’aide à hauteur de 100 milliards d’euros a été annoncé en 2023 par le gouvernement.La progressive obsolescence du réseau ferroviaire français se constate également sur les fermetures de lignes, isolant peu à peu certaines régions de l’ensemble du territoire. Depuis 2012, la longueur des lignes ferroviaires exploitées en France a été réduite d’un total de presque 4.000 kilomètres en dix ans. Cette réduction de lignes s’accompagne également d’une diminution du parc de matériels roulants, notamment TGV, alors que la démocratisation du télétravail après Covid, le prix des carburants et la conscience environnementale ont attiré de plus en plus de Français dans les gares. Le parc de matériels roulants français ne comptait que 944 locomotives TGV en 2022 contre près de 1.050 en 2015.