Criminalité et insécurité en France : état des lieux
En France, les crimes et délits les plus fréquents sont les vols, les destructions et dégradations, les escroqueries, les coups et blessures, l’usage de stupéfiants et les cambriolages. Concernant les vols, soit le délit le plus commis en France, l’hexagone se situe environ aux mêmes niveaux que l’Allemagne et l’Italie. Même si pour un touriste japonais, habitué à un taux de vols 3,5 fois plus bas qu’en France, la visite de Paris, avec ses pickpockets, peut donc constituer un choc, les chiffres concernant les vols en France ne paraissent pas démesurés.Mais ce ne sont pas les vols ou dégradations, ni même la criminalité dite « en col blanc », notamment les affaires de corruption perpétrées par des personnalités politiques ou privées, qui sont la cause du sentiment d’insécurité des Français. Il semblerait que ce soient les attaques terroristes qui ont touché la France ces dernières années, comme celle du 14 juillet 2016 à Nice, ou encore celle du Bataclan à Paris le 13 novembre 2015, mais aussi les histoires, très médiatisées, de balles perdues liées au trafic de stupéfiants, qui ont provoqué chez les Français une réelle peur pour l’intégrité de leur personne. D’autant plus que, même si le nombre d’homicides en France est très loin de celui de villes comme Tijuana et Acapulco au Mexique, ou encore Caracas au Venezuela, et se situe dans la moyenne des pays européens, il est bien en hausse. Entre 2016 et 2023, le nombre de victimes de tentatives d’homicides en France a augmenté chaque année, passant de 2.259 en 2016 à 4.055 en 2023.
Concernant le trafic de drogue, il est difficile de mesurer son importance exacte en raison de son illégalité, mais ce qui est certain, c’est que le volume total de drogues saisies reste stable, sauf pour certaines drogues, comme la cocaïne, dont le volume saisi a fortement augmenté, atteignant plus de 27 tonnes en 2022, contre encore 5,6 tonnes en 2012. Dans un contexte d’inflation, d’augmentation de la pauvreté, mais aussi de difficultés croissantes pour les étrangers à obtenir un titre de séjour et donc une autorisation de travailler, le trafic de drogues apparaît comme une opportunité pour certains, qui se retrouvent ensuite dans des situations desquelles il est difficile de ressortir.
Le ressenti irrationnel qu’est le sentiment d’insécurité ne correspond donc pas à la peur des crimes et délits les plus fréquemment commis, mais à la peur d’être tué ou blessé, que ce soit dans le contexte d’un acte terroriste ou dans le cadre de trafic de drogue. Pour les femmes, la peur de subir des violences sexuelles s’ajoute à cette liste.
Les femmes particulièrement impactées par l’insécurité
En France, de plus en plus de personnes se sentent régulièrement en insécurité, et ce même dans le quartier dans lequel elles habitent. Les jeunes femmes sont les plus touchées, près de 20% des jeunes femmes de 14 à 29 ans se sentent en insécurité dans leur quartier ou leur village et près de 22% renoncent parfois à sortir seules de chez elles pour des raisons de sécurité. Environ une femme sur 10 à travers toutes les tranches d’âge se sent également en insécurité à son domicile, contre seulement 5% des hommes. Au total, 80% des femmes déclarent déjà avoir eu peur de rentrer seules le soir.Ce n’est pas sans raison que les femmes se sentent davantage en insécurité que les hommes. Les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes par tous les types de violences, qu’il s’agisse de violences physiques, de harcèlement, ou encore d’agressions sexuelles. Près de 70% des femmes se sont déjà faites sifflées dans la rue, plus de 50% agressées verbalement et 15% s’y sont même déjà faites agressées physiquement. De plus, en 2021, le nombre de femmes victimes de violences sexuelles ou physiques de la part de leur conjoint ou ex-conjoint était d’environ 213.000. Parmi ces femmes victimes de violences conjugales, 6.200 étaient victimes de viols, soit plus de 50 fois plus que de victimes hommes. Les violences envers les femmes vont parfois jusqu’à la mort. En moyenne, plus de 100 femmes sont tuées chaque année en lien avec des violences conjugales en France. Pour plus d’informations à ce sujet, n’hésitez pas à consulter notre page sur la violence contre les femmes.
Des solutions à l’insécurité en France ?
Il ne semble pas y avoir de solution miracle à l’insécurité en France. D’abord, parce qu’il s’agit avant tout d’un ressenti et d’une ambiance, difficilement chiffrable, et ensuite, parce que le problème de l’insécurité présente de nombreux aspects différents aux solutions diverses.L’un des angles d’amélioration pourrait concerner un investissement plus important dans le système judiciaire français. En effet, la justice française est lente et débordée, un jugement peut se faire attendre plusieurs années. Les procédures sont complexes et de nombreuses affaires, notamment concernant les violences sexuelles, sont classées sans suite, dissuadant certaines victimes du dépôt de plaintes. En 2023, seulement 43% des Français indiquaient faire confiance à la justice.
De plus, les prisons sont surpeuplées en France. En 2023, le taux d’occupation des établissements pénitentiaires français s’élevait à 119 %, pour un nombre record de près de 88 milliers de personnes incarcérées.
Malgré ces chiffres élevés, la justice est souvent considérée trop laxiste par les Français. Les trois principales causes de la délinquance en Île-de-France seraient, selon les Franciliens, une justice trop indulgente, un taux de chômage trop élevé et un manque de « moralité » dans la société.
D’autres solutions pourraient donc consister en du travail de prévention, une réduction des inégalités sociales, ou encore l’installation de caméras de surveillance. Malgré des craintes concernant la protection de la vie privée et des libertés individuelles, plus de 70% des Franciliens déclarent être favorables à l’installation de caméras de surveillance pour lutter contre la délinquance. Cette question sera également au cœur de l’organisation des jeux olympiques à Paris en juillet 2024./.