
De manière générale, la police nationale jouit d’une image positive dans la société française -particulièrement chez les plus âgés- et la majorité des agents de police se sentent utiles dans leur profession. Néanmoins, 20 % des Français ressentent de l’inquiétude face aux policiers et 39 % ne leur font pas confiance. Cette crainte vis-à-vis des forces de l’ordre pourrait trouver sa source dans plusieurs affaires très médiatisées de racisme et de violence, voire d’homicide.
La question du racisme semble tabou dans la police : depuis juin 2020, et bien qu’elles existent, l’IGPN ne répertorie plus dans ses statistiques les enquêtes judiciaires pour injure à caractère raciste et discriminatoire. S’il a sans doute pour but de ne pas alimenter des soupçons de discrimination raciale, ce manque de transparence pourrait contribuer à un sentiment de défiance de la population à l’égard de sa police et nourrit une impression d’impunité.
Pourtant, plusieurs affaires relancent régulièrement le débat. Des tragédies telles que l’affaire Malik Oussekine ou, beaucoup plus récemment, l’agression du producteur de musique Michel Zecler ont choqué l’opinion publique et ternissent l’image de la police.
Alors que les autorités publiques parlent d’incidents isolés commis par des brebis galeuses, d’autres dénoncent une violence et un racisme systémiques au sein des forces de l’ordre.
La violence des actions policières a aussi été particulièrement pointée du doigt ces dernières années. Si elle peut sembler légitime dans le cadre d’interventions précises de répression de la délinquance et de la criminalité, elle s’est désormais immiscée dans les manifestations. Depuis l’émergence du mouvement des Gilets jaunes, la répression des mouvements sociaux par les forces de l’ordre est apparue comme particulièrement brutale, voire excessive aux yeux de certains, au point même d’être dénoncée par l’ONU. L’usage non réglementaire d’armes comme les LBD et grenades de désencerclement ont grièvement blessés plusieurs manifestants entre 2018 et 2019.
Pour autant, la situation des agents de police est loin d’être idyllique : avec la dégradation de leurs conditions de travail, l’exercice de leur fonction est devenu plus difficile ces dernières années. Malgré une hausse des effectifs promise par le Gouvernement, le nombre de forces de l’ordre présentes sur le terrain demeurent insuffisant.
D’autre part, les salaires sont considérés comme trop faibles, tandis que la pression exercée sur eux via une « politique du chiffre », instaurée depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy et décriée par les syndicats de la profession, augmente. Enfin, le manque de reconnaissance de la part de leur hiérarchie et le sentiment d’être rejeté dans l’opinion publique achève de miner le moral des policiers. Le taux de suicide au sein de cette profession est d’ailleurs bien supérieur à celui de la population générale française. Cette insatisfaction générale est particulièrement ressentie parmi les agents de police les moins gradés.