Les niveaux de consommation des drogues en France
L’alcool reste de loin la drogue la plus consommée en France. Bien que licite, l’alcool est considéré comme une drogue par les institutions de santé nationales à cause de ses effets psychoactifs puissants sur le corps et la forte dépendance qu’il peut entraîner. Cependant, si on prend en compte uniquement les drogues illicites, c’est le cannabis qui est la substance la plus consommée. En 2020, 18 millions de personnes en ont consommé, soit une part de la population importante qui ne fait qu’augmenter depuis le début des années 1990, à l’inverse des fumeurs réguliers dont la proportion diminue depuis 2017.La seconde drogue illicite la plus consommée en France est la cocaïne. Autrefois surnommée « la drogue des riches », son prix est devenu de plus en plus abordable, entrainant un accroissement du nombre d’utilisateurs. En effet, le taux de consommation dans l’année est passé à 0,2% de la population en France en 1994 à 1,6% en 2017.
L’héroïne, qui a fait des ravages en France dans les années 1980 est désormais assez confidentielle. Ce qui n’est pas le cas par exemple aux États-Unis, qui traversent depuis plusieurs années une réelle crise sanitaire liée aux opioïdes. 2017 a marqué une année noire aux USA avec une recrudescence des overdoses mortelles liées à l’héroïne. En France en 2020, le nombre de morts par overdose était l’un des plus faibles d’Europe.
L’ancrage régional des drogues en France est assez inégal. Alors qu’on pourrait s’attendre à une surconsommation de stupéfiants dans les régions très urbaines comme l’Île-de-France, c’est au contraire dans des régions moins peuplées comme l’Occitanie ou la Bretagne que l’on enregistre un taux de consommation de cannabis ou de cocaïne supérieur à la moyenne nationale.
La France et sa politique de tolérance zéro à l’usage des drogues
Le premier centre d'injection supervisée de France a ouvert ses portes en 2016 : un espace hospitalier où les toxicomanes peuvent accéder à du matériel propre et à des seringues pour gérer leur dépendance. Il s'agit d'une petite révolution dans l'approche publique en matière d'usage de drogues en France. Depuis plusieurs années et selon l’orientation politique des mairies ou des gouvernements, la "tolérance zéro" est plus ou moins appliquée pour faire face à la consommation de drogue. Les résultats de cette stratégie très stricte font néanmoins débat. En effet, malgré une consommation de cannabis toujours strictement interdite en France, les Français sont de plus en plus nombreux à en consommer. Et ce phénomène n’est pas spécifique à la consommation de cannabis ; 11,5 Français sur 1.000 déclaraient avoir un usage problématique des drogues, soit le troisième taux le plus élevé d’Europe.Malgré ces forts taux de consommation, les politiques récentes du Ministère de l’intérieur en charge de ces questions favorisent le « harcèlement » des vendeurs et visent à multiplier les saisies. Que ce soit pour le cannabis, la cocaïne ou l’ecstasy, les volumes saisis ont fortement augmenté ces dernières années, mettant à contribution d’importants moyens humains dans les services de police, de gendarmerie ou des douanes.
La légalisation du cannabis en France
Face à la banalisation de la consommation de marijuana, de plus en plus de Français sont en faveur de sa légalisation. Un seuil a même été passé en 2021 avec pour la première fois, une majorité de Français qui déclaraient être favorables à la dépénalisation de l’usage de cannabis. Plusieurs pays ont déjà franchi le pas en Europe, dont notamment les Pays-Bas et l’Espagne, où la vente et la consommation de cannabis est encadrée. En 2023, c’est dans le Bundestag allemand que la coalition au pouvoir souhaite légiférer autour de cette question.Bien que la légalisation n’ait pas figuré dans le programme de campagne du Président Macron en 2017 ou en 2022, une loi a été promulguée en 2019, prévoyant que les infractions liées à l’usage de cannabis ne comparaissent désormais plus obligatoirement devant un tribunal correctionnel. En effet, dans certains cas, le paiement d’une amende forfaitaire de 200 euros est suffisant.
Dans le camp des pro-légalisation, plusieurs arguments mettent en avant la baisse de la violence qu’entrainerait la vente légale de cannabis, ainsi que les recettes fiscales liées à la vente qui échappent actuellement à l’État. Les opposants avancent l’idée que la légalisation entrainerait une augmentation de la consommation et du nombre de consommateurs. Des premiers chiffres confirment cette théorie, notamment au Canada, où la consommation du cannabis récréatif a augmenté depuis 2018, année de sa légalisation, passant de 22% de Canadiens ayant fumé de la marijuana en 2018 à 27% en 2022. Cependant, le second argument accusant le cannabis d’être une drogue « tremplin » vers des substances plus dures n’est pas prouvé scientifiquement.