En France, on dénombre entre 30.000 et 44.000 personnes prostituées. La grande majorité d’entre elles sont des femmes (85 %), et 5 % sont transgenres.
La prostitution désigne l’activité consistant à pratiquer un acte sexuel en échange d’une rémunération.
En France, l’activité de prostitution en soi n’est pas illégale. En revanche, le proxénétisme, à savoir le fait de tirer profit de la prostitution d’autrui, est réprimé par la loi. Ainsi, toute personne qui aide, assiste, protège ou encore incite à l’activité prostitutionnelle d’une autre personne sera considérée comme proxénète. Quiconque s’adonne au proxénétisme est punissable de sept ans à dix ans d’emprisonnement et d’une amende allant de 150.000 à 750.000 euros.
Depuis 2016, le délit de racolage a été supprimé, tandis que l’achat de services sexuels auprès d’une personne prostituée est puni par la loi : en plus d’une contravention allant de 1.500 à 3.750 euros en cas de récidive, la peine peut aussi s’accompagner d’un stage de sensibilisation aux conditions du travail du sexe.
En touchant à la sexualité, à l’intime et à la morale, la prostitution est un sujet qui fait débat. Ainsi, cette récente législation dite de « pénalisation du client » a éveillé de vives querelles et mis en lumière les différentes conceptions concernant la prostitution, la liberté de disposer de son corps et la manière de réguler cette activité.
Sur ce thème, on distingue trois idéologies : d’une part, une approche prohibitionniste qui associe les prostitué(e)s et les proxénètes à des criminels qu’il faut sanctionner.
D’autre part, les abolitionnistes estiment, eux, que la prostitution est une forme d'oppression et d'exploitation, notamment du corps de la femme (car surreprésentées dans cette profession), qui porte atteinte à la dignité humaine. Leur but est de faire disparaître la prostitution, non seulement en stigmatisant les clients, mais aussi en accompagnant les prostitué(e)s, perçues comme des victimes, à sortir de cette activité.
Enfin, les réglementaristes ont une vision plus pragmatique de la prostitution : partant du principe que cette activité ne disparaîtra vraisemblablement pas et qu’elle peut même être le fruit d’un choix libre et éclairé, cette activité devrait selon eux être considérée comme une profession normale, encadrée et réglementée.
La « pénalisation du client », inspirée du modèle suédois, a ainsi opposé les abolitionnistes, menés par l’ancienne ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem ou encore la journaliste Mona Chollet, qui considèrent que la prostitution ne pourra s’éteindre qu’avec la disparition de ses clients, alors que les réglementaristes, incarnés par des associations telles que Médecins du Monde, le Planning familial ou encore le Strass (Syndicat du travail sexuel), s’inquiètent de la précarisation et de la dégradation des conditions de travail des prostitué(e)s que cette loi occasionne. Les travailleurs du sexe, en raison de la diminution du nombre de leurs clients, sont en effet depuis contraints d’accepter des prestations peu coûteuses, parfois non protégées et dans des lieux moins sécurisés.
L’opinion publique française, avec un taux d’approbation de 78 %, est particulièrement favorable à la pénalisation du client et réfute l’idée d’abroger cette loi, même si les Français estiment que la prostitution est un phénomène inévitable.
Par ailleurs, le recours aux services de personnes prostituées n’est pas si rare parmi les Français : 22 % d’entre eux ont déjà fréquenté au moins une fois une personne prostituée, une proportion qui monte même à 38 % chez les Parisiens.