
Les grands groupes de l’armement français
En France, plusieurs grands groupes dominent le marché de la défense. Parmi les principaux marchands d’armes, on trouve Thales, spécialisé dans les satellites dans le civil et qui propose des outils de communication militaire pour sa branche défense, mais aussi Dassault Aviation, un acteur historique présent depuis 1929, qui a produit de nombreux avions de chasse comme le Mirage ou le Rafale. Malgré la participation du groupe Dassault à un système de fraude à la TVA de grande envergure, révélé dans le cadre des Paradise Papers, l’entreprise a réalisé d’importantes ventes de ses Rafale auprès de l’Égypte, de l’Inde et du Qatar avec l’appui des gouvernements français successifs. Ce scandale n’a pas empêché le groupe d’enregistrer une hausse constante de son chiffre d’affaires.La compagnie transnationale Airbus est également un acteur majeur de l’armement en France via son département Defense and Space, spécialisé dans les avions de guerre et les drones. Le chiffre d’affaires de cette division s’élevait à 11 milliards d’euros en 2022.
En plus des fortes ventes réalisées par le secteur à l’international, les marchands d’armes sont des acteurs importants de la recherche et développement en France. Parmi les entreprises qui avaient déposé le plus de brevets à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) en 2022, on trouvait Safran en première position et Thalès dans le top 10.
Les gouvernements autoritaires, premiers clients de l’industrie française de l’armement
La France se montre-t-elle complice de la répression exercée par des gouvernements non démocratiques dans le monde ? Entre 2012 et 2021, le secteur s’est distingué par la signature d’importants contrats de livraisons d’armes auprès de certains pays, dont l’Arabie Saoudite. Entre 2014 et 2020, plusieurs contrats ont été signée avec la monarchie dans le cadre du contrat SFMC (Saudi-French Military Contract), par lequel la France a vendu des canons Caesar et plusieurs frégates à l’Arabie Saoudite. Dans le même temps, l’Arabie Saoudite était engagée depuis 2015 dans la guerre civile au Yémen en bombardant de nombreuses positions sur les rebelles Houtistes. Cette guerre sale, en raison de laquelle le Yémen connait des famines de grande ampleur, aurait conduit, selon Amnesty International, à près de 400.000 morts jusqu’en 2023. Le Ministère des Affaires étrangères français a lui-même reconnu le caractère de “guerre sale” pour ce conflit, mais a continué de livrer de nombreuses armes à la monarchie du Golfe tout au long de cette période. En tant que signataire du Traité sur le commerce des armes, la France s’est ainsi exposée à des poursuites juridiques pour livraison d’armes à un État qui viole le droit international. Parmi les premiers importateurs d’armes françaises, on trouve l’Égypte, le Qatar et les Émirats Arabes Unis, d’autres pays classés comme « autoritaires » par le Democracy Index du journal The Economist.Cependant, depuis quelques années, la France a recentré ses activités auprès de ses partenaires européens. En 2022, Dassault Aviation et Naval Group ont signé des contrats à hauteur de 4 milliards d’euros avec la Grèce. La guerre en Ukraine et les velléités répétées de la Russie face à l’Europe a déjà entrainé une augmentation des budgets militaires des pays européens et pourrait conduire à une “économie de guerre” comme l’a annoncé Emmanuel Macron en juillet 2022.