
Un marché du vélo en pleine expansion
Après des années de déclin dans les ventes de vélo, le secteur enregistre un accroissement depuis 2019. En 2021, près de 2,8 millions de vélos (neufs et occasions) se sont vendus en France, avec un chiffre d’affaires record atteint en 2021. Une croissance forte qui est tirée notamment par l’émergence d’un sous-secteur, le vélo à assistance électrique. Cette aide électrique à la propulsion apporte un réel confort à la conduite, très utile notamment dans les villes, lorsqu’on redémarre après avoir posé le pied à terre. Bien que l’histoire du vélo électrique démarre dès la fin du XIXème siècle aux États-Unis, il fallut attendre près de cent ans avant que l’invention ne se popularise auprès du grand public, grâce notamment à la baisse des prix de conception des batteries. En France, sur les 2,8 millions de vélos vendus en 2021, 660.000 étaient des VAE, alors que seulement 130.000 VAE s’étaient écoulés cinq ans plus tôt. Une véritable aubaine pour les marques du secteur qui peuvent vendre des produits à très forte valeur ajoutée dont le prix moyen est près de six fois supérieur à un vélo de ville classique.Le lent développement des infrastructures pour les cyclistes
Avant la seconde guerre mondiale, les citadins français avaient recours en masse à la bicyclette, puis la voiture s’est imposée progressivement dans le modèle de développement urbain tout au long du XXème siècle, jusqu’à représenter plus de la moitié de l’espace public à Paris, selon une enquête du quotidien Le Monde en 2015. Aujourd’hui, la tendance est à la réduction de la place de la voiture dans de nombreuses grandes métropoles françaises. A l’image des villes allemandes ou néerlandaises, qui possèdent une culture du vélo très développée depuis des décennies, les municipalités françaises n’ont que très récemment lancé des grands « plans vélo ». En 2015, la ville de Paris a lancé un premier programme à hauteur de 150 millions d’euros pour doubler la longueur de voies cyclables, afin d’atteindre les 1.000 kilomètres de pistes dans la capitale. Les protestations ont été très fortes chez les automobilistes, notamment autour de la fermeture des berges de Seine. C’est pourtant un succès car les quais de Seine faisaient partie des itinéraires les plus empruntés à vélo en France en 2022. Il reste néanmoins de nombreux investissements à réaliser pour l’accueil et la sécurité des cyclistes dans certaines villes. Les villes du Sud étaient les moins bien notées par leurs habitants quant à la facilité de rouler à vélo, avec notamment Marseille, en toute dernière place. Les associations de cyclistes réclament de nombreux aménagements visant à assurer la sécurité des tracés. Le partage de la voirie avec les automobilistes peut s’avérer dangereux pour les cyclistes ; les voitures représentant toujours le premier facteur d’accident grave ou mortel pour un cycliste. Le nombre de cyclistes tués sur la route a d’ailleurs légèrement augmenté entre 2015 et 2019. Même si certaines villes ont encore une grande marge de progression, c’est dans les zones péri-urbaines ou rurales que les conditions sont les plus difficiles. Les cyclistes devant fréquemment partager la route sur des voies où les voitures roulent plus vite qu’en ville, et pourtant, on enregistrait une forte progression du trafic à vélo dans ces espaces entre 2019 et 2020.Afin de favoriser l’utilisation du deux-roues, les pouvoirs publics doivent aussi proposer des moyens de stationnement simples d’accès. Dans les grandes villes où l’espace est limité, les garages à vélo se multiplient, mais avec de fortes variations au niveau de l’investissement selon les régions. Il n’existe cependant pas encore en France de parking à vélo de la taille de celui de Koningin Julianaplein aux Pays-Bas qui peut accueillir 7.000 bicyclettes sur seulement 8.000 mètres carrés, soit un terrain et demi de football. À titre de comparaison, il faudrait plus de 20.000 mètres carrés de places de parking pour garer 8.000 personnes dans 1.750 voitures – c’est-à-dire la configuration optimale avec quatre personnes dans chaque voiture.
Ces plans vélo s’accompagnent d’un redéploiement des transports en commun dans le but de désengorger les villes. La France a été sur ce point précurseur dans les années 1980 avec le retour progressif du tramway dans les centres villes. Il reste néanmoins de nombreuses inégalités sur l’accès aux transports en commun avec des difficultés d’accès, notamment dans les zones rurales.