En 2024, la consommation mondiale d'électricité a atteint près de 31 000 térawattheures, selon les chiffres compilés et publiés par Ember. Alors que des pays comme la Chine, les États-Unis et l'Inde affichent toujours de loin la plus forte demande d'électricité, un nouvel acteur rivalisant avec la consommation de certaines des plus grandes économies mondiales et alimenté par l'essor de l'IA est entré en scène : les centres de données (ou data centers). Comme le souligne l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport récent, la consommation d'énergie estimée des centres de données a augmenté de 12 % par an entre 2019 et 2024 et elle pourrait doubler d'ici la fin de la décennie en cours.
Alors que l'estimation de la consommation électrique des centres de données du monde entier s'élevait à 415 TWh en 2024, ce qui est déjà nettement supérieur à la demande d'électricité du Royaume-Uni (315 TWh) et presque équivalent à celle de la France (467 TWh), ce chiffre pourrait atteindre entre 900 et 1 000 TWh en 2030. Comme l'indique notre infographie, cela équivaudrait à ajouter la consommation électrique totale d'un pays comme l'Allemagne (502 TWh) à l'estimation la plus récente. D'ici la fin de la décennie, les centres de données pourraient ainsi consommer presque autant d'électricité que le Japon (1 022 TWh) qui, en 2024, était le cinquième plus grand pays consommateur derrière la Chine (10 063 TWh), les États-Unis (4 401 TWh), l'Inde (2 054 TWh) et la Russie (1 195 TWh).
Même si les data centers tendent à devenir de plus en plus économes en énergie grâce aux progrès dans ce domaine, une demande accrue alimentée par un développement rapide et massif de l'IA pourrait s'avérer trop importante pour être totalement atténuée. Cela semble particulièrement vrai lorsque l'on se penche sur le cas des grandes entreprises technologiques. Au cours des six dernières années, la consommation d'électricité combinée d'Amazon, Microsoft, Alphabet et Meta a par exemple plus que doublé, et ces groupes règlent désormais des factures annuelles d'électricité pouvant dépasser les 3 milliards de dollars. En outre, les émissions de CO2 d'Alphabet, principalement liées à l'activité de ses centres de données, ont augmenté d'environ 50 % par rapport à 2019. L'an dernier, l'entreprise a affirmé que « la réduction des émissions pourrait s'avérer difficile en raison de l'augmentation de la demande d'énergie liée à la plus grande intensité de calcul de l'IA ».