Le régime sanguinaire de Bachar al-Assad est tombé, dimanche 8 décembre, à la suite d'une offensive de groupes rebelles, menés par les islamistes du Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de libération du Levant, ou HTC). L'ancien président, qui a régné sur le pays pendant plus de 24 ans, a pris la fuite dans la nuit de samedi à dimanche, alors que les rebelles entraient dans la capitale.
Depuis dimanche, des milliers de personnes se sont rendues à la prison de Saydnaya, décrite par l’ONG Amnesty International comme un « abattoir humain », dans l'espoir d'y retrouver leurs proches disparus. D'après Amnesty International, plus de 17 000 personnes auraient perdu la vie en détention dans les geôles du pouvoir al-Assad depuis 2011.
Selon un rapport publié par le Réseau syrien pour les droits de l'homme, au moins 157 634 personnes arrêtées en Syrie entre mars 2011 et août 2024 étaient toujours en état d'arrestation et/ou avaient disparu de force. Ce chiffre comprend au moins 5 274 enfants et 10 221 femmes.
Les forces de l'ancien régime syrien sont identifiées comme responsables de près de 87 % de ces disparitions (136 614), tandis que Daesh serait à l'origine de 8 684 disparitions, les Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes de 5 281, toutes les factions de l'opposition armée/l'Armée nationale syrienne de 4 371 et le Hayat Tahrir al-Cham (qui est une alliance de l'ex-Front al-Nosra et d'un certain nombre de factions de l'opposition armée) de 2 684.
Si ces incidents ont atteint un pic en 2012 (21 635 personnes disparues) et en 2013 (19 973 personnes disparues) et qu'ils ont diminué ces dernières années, ils se sont poursuivis en 2024, avec 407 personnes enregistrées comme ayant disparu au mois d'août 2024. Les zones où le nombre de disparitions a été le plus élevé au cours des douze dernières années sont les banlieues de Damas, suivies d'Alep et de Deir ez-Zor.
Les disparitions forcées sont définies comme lorsque « des personnes sont arrêtées, détenues ou enlevées contre leur volonté ou autrement privées de leur liberté par des agents de différentes branches du gouvernement, ou par des groupes organisés ou des particuliers agissant au nom du gouvernement ou avec son soutien, direct ou indirect, son consentement ou son acquiescement, suivi d'un refus de révéler le sort réservé aux personnes concernées ou le lieu où elles se trouvent ou d'un refus de reconnaître la privation de leur liberté, ce qui place ces personnes en dehors de la protection de la loi ».
Le Réseau syrien pour les droits de l'homme considère qu'une personne a disparu de force lorsqu'elle a été arrêtée et que sa famille n'a pas pu obtenir d'informations des autorités officielles sur son arrestation ou le lieu où elle se trouve pendant au moins 20 jours, les autorités refusant de reconnaître l'arrestation.