La tentative d'assassinat ratée qui a visé Donald Trump, samedi 13 juillet, a non seulement choqué les États-Unis et le monde entier, mais elle a également ajouté un chapitre tragique à la campagne présidentielle de 2024, déjà entachée de troubles et de controverses. Il y a d'abord eu, fin mai, la condamnation de Donald Trump dans l'affaire des paiements dissimulés à la star de films X, Stormy Daniels, qui a fait de lui le premier ex-président américain et candidat d'un grand parti à l'élection présidentielle condamné au pénal de l'histoire des États-Unis. Puis le naufrage de Joe Biden lors du premier débat télévisé de la présidentielle fin juin, qui a provoqué une onde de choc au sein du parti démocrate, une grande partie de l'opinion publique américaine semblant avoir perdu confiance dans la capacité du président à exercer un second mandat. Désormais, cette nouvelle éruption de violence politique aux États-Unis, trois ans et demi après les émeutes du 6 janvier 2021 au Capitole, constitue sans aucun doute un nouveau tournant dans la course présidentielle, à seulement trois mois et demi du scrutin.
Les événements de ces dernières années ne sont que le point culminant d'une tendance qui a commencé bien avant, avec la polarisation politique croissante de nos sociétés au cours des dernières décennies. En proie à l'amplification des chambres d'écho des opinions sur les réseaux sociaux et à des politiciens apparemment plus attachés à leur propre agenda qu'à la vérité ou à la paix sociale dans le pays, les États-Unis semblent plus divisés que jamais, ce qui rend le dialogue et le compromis - éléments clés d'une démocratie qui fonctionne - pratiquement impossible.
Tout cela n'est pas passé inaperçu en dehors des États-Unis, où le pays, autrefois un modèle de démocratie, est perçu sous un jour de plus en plus négatif. Selon l'enquête Global Attitudes Survey du Pew Research Center, la démocratie américaine ne fait plus rêver grand monde, la majorité des personnes interrogées cette année dans 34 pays considérant que les États-Unis n'étaient plus ou n'ont jamais été un bon exemple à suivre en matière de démocratie. Comme le montre notre graphique, les répondants de France et du Mexique se montrent particulièrement critiques à l'égard des États-Unis, puisque près de 40 % des personnes interrogées dans ces deux pays ont déclaré que la démocratie américaine n'a jamais été un bon exemple à suivre. Dans la plupart des pays étudiés, la réputation des États-Unis en tant que démocratie a surtout souffert ces dernières années, avec plus de 60 % des répondants en Allemagne, au Royaume-Uni, au Canada ou au Japon déclarant que la démocratie américaine constituait un bon exemple par le passé, mais qu'elle ne l'est plus depuis quelques années.
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