D'après l'OCDE, le continent américain a un sale secret en ce qui concerne le traitement de ses déchets. Près de 57 % des déchets municipaux dans les cinq pays membres de l'OCDE sur le continent américain sont encore mis en décharge. Si ces données prennent en compte Colombie, le Costa Rica et le Chili, plus de 80 % des habitants de l'échantillon vivent aux États-Unis et au Canada.
Seuls 27 % environ des déchets municipaux des pays membres américains ont été recyclés ou compostés en 2022, dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles. Ce chiffre contraste fortement avec les presque 46 % de déchets de cette catégorie dans les 14 pays européens membres de l'OCDE et est également inférieur au taux d'environ 31 % dans les pays d'Asie-Océanie, à savoir l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et le Japon.
La région Asie-Océanie est également la principale utilisatrice de l'incinération avec valorisation énergétique, une méthode de traitement des déchets parfois considérée comme légèrement meilleure que la mise en décharge d'un point de vue environnemental car l'énergie thermique provenant de la combustion des déchets est réutilisée. Cette approche crée une pollution par le CO₂ et les particules, mais son empreinte globale est plus faible que celle des combustibles fossiles pour la production d'énergie. Les pays les plus petits ou les plus densément peuplés, comme le Japon, la Corée du Sud et les pays scandinaves, préfèrent cette méthode car elle prend moins de place. De plus, la mise en décharge des déchets entraîne elle aussi des problèmes environnementaux, ainsi que des émissions de méthane, un gaz plus nocif pour le climat que le CO₂. Alors que la pratique de l'incinération des déchets se développe en Asie malgré les critiques, elle n'est pour le moment pas vraiment adoptée aux États-Unis ou dans les autres pays d'Amérique appartenant à l'OCDE.
Si l'accessibilité financière est en général le principal attrait de la mise en décharge, il est difficile de comprendre l'utilisation massive de cette solution par les États-Unis et le Canada. Les taux de recyclage en Amérique du Nord sont également bien en deçà de leur potentiel. Selon un rapport publié par l'université de Berkeley, une grande partie des matériaux recyclables aux États-Unis finissent dans les décharges. Le rapport attribue ces lacunes à des normes fédérales obsolètes et aux pratiques de collecte compliquées qui varient d'une région à l'autre. Il poursuit en expliquant que les différents systèmes et l'autonomie décisionnelle des installations créent de la confusion chez les consommateurs et de l'imprévisibilité sur le marché du recyclage du pays, ce qui diminue la qualité des matériaux recyclés, freine la demande et entrave l'essor du recyclage en tant qu'outil rentable pour les industries.