En début de semaine, la Slovaquie s'est jointe à la Pologne et à la Hongrie pour interrompre les importations de céréales en provenance d'Ukraine, ce afin de protéger les agriculteurs locaux de la surabondance de matières agricoles en provenance de leur voisin en guerre. Cette mesure radicale a immédiatement suscité des critiques de la part de Bruxelles, tandis que Kiev a réagi sur un ton plus conciliant. "En ces temps difficiles, il est crucial de coordonner et d'aligner toutes les décisions au sein de l'UE" a déclaré un porte-parole de la Commission européenne dans un communiqué. Le ministère ukrainien de l'Agriculture a quant à lui regretté la décision de ses voisins, tout en soulignant sa volonté de trouver une solution mutuellement bénéfique.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie et le blocage temporaire des ports de la mer Noire ont drastiquement réorienté les flux de céréales en provenance de l'Ukraine. Ce pays, qui est l'un des principaux producteurs mondiaux de blé, de maïs et d'huiles végétales, expédiait une grande partie de ses céréales à l'étranger avant la guerre. En 2021, sept des dix principaux marchés de destination des exportations de céréales ukrainiennes se trouvaient en Asie et en Afrique du Nord (huit si l'on inclut la Turquie).
La situation a radicalement changé en 2022, comme le montre notre graphique. Selon la base de données Comtrade de l'ONU, une grande partie des exportations de céréales de l'Ukraine sont parties vers l'Ouest et ont abouti en Europe - la Roumanie, la Pologne et la Hongrie ayant connu des hausses particulièrement importantes des flux en provenance de leur voisin l'année dernière. Parallèlement, l'Indonésie, l'Iran, le Pakistan, le Maroc et la Tunisie ont tous quitté le top 10, car les exportations de céréales ukrainiennes via le commerce maritime ont été gravement perturbées.