À l'issue des 8e de finale de la Coupe du monde 2022, huit équipes se sont qualifiées pour le tour suivant. Parmi lesquelles : cinq sélections européennes - Pays-Bas, France, Angleterre, Croatie, Portugal - deux sud-américaines - Argentine, Brésil - et un représentant du continent africain, le Maroc, qui a fait tomber l'Espagne et participera pour la première fois de son histoire à un quart de finale du Mondial. À ce jour, les 8e de finale restent le tour le plus haut jamais dépassé par une équipe africaine dans cette compétition.
Si l'on se penche sur le bilan de l'Afrique en Coupe du monde, elle y est représentée depuis la seconde édition en 1934 avec la première participation de l'Égypte. Bien que les meilleures équipes du continent s'appuient généralement sur des cadres évoluant au plus haut niveau en Europe, seules quatre sélections ont atteint une fois les quarts : le Cameroun (1990), le Sénégal (2002), le Ghana (2010) et le Maroc. Une étude publiée le mois dernier dans The Conversation suggère qu'une des raisons pour lesquelles les équipes africaines peinent à aller plus haut est liée à l'expérience, du fait qu'elles « ne se mesurent pas régulièrement aux meilleures nations du monde - moins de 20 % des matchs des meilleurs pays africains sont disputés contre des adversaires d'élite ». Tandis que les « demi-finalistes et finalistes de la Coupe du monde jouent entre 30 % et 60 % de leurs matchs annuels contre des nations d'élite ».
Notre infographie illustre l'un des facteurs qui pèse dans ce déséquilibre. En Afrique, un total de 54 sélections nationales étaient en lice pour obtenir un billet pour le Mondial 2022. Un chiffre en soi pas si inhabituel : en Europe, elles étaient 55, et en Asie, 46. Mais si l'on compare ces chiffres au nombre de places attribuées par région, des différences nettes apparaissent. En Afrique, 11 équipes étaient en compétition pour 1 place, ce qui signifie au final que 5 sélections ont obtenu leur billet pour la compétition et que 49 sont restées à la maison.
En comparant cette situation à celle de l'Amérique du Sud, où seulement 2 équipes étaient en lice pour chacune des places attribuées, on constate un fossé considérable en matière de chances de participer à une Coupe du monde et d'expérimenter le plus haut niveau. 10 équipes sud-américaines ont participé à la phase de qualification pour l'édition 2022, avec 5 places mises à leur disposition (dont 1 via les barrages intercontinentaux). La confédération asiatique (AFC), qui compte moins de sélections qu'en Afrique, disposait quant à elle de 8 places (soit 3 de plus que la confédération africaine).
La place de l'Afrique à l'extrémité de cette échelle a suscité des appels de la part de plusieurs personnalités du continent pour une réforme du processus de qualification amenant à une solution plus représentative. Parlant du manque d'opportunités pour les équipes africaines de progresser au plus haut niveau du football mondial, l'ancien joueur camerounais et attaquant du Paris Saint-Germain, Patrick M'Boma, a récemment déclaré à Al Jazeera : "Les favoris de la compétition resteront toujours les mêmes, ceux qui ont le plus d'expérience dans l'histoire de la Coupe du monde".
Alors qu'un projet de Mondial tous les deux ans (souhaité par le président de la FIFA, Gianni Infantino) était en discussion cette année, il apparait plus intéressant sur le plan sportif de se pencher en priorité sur l'inclusivité internationale du format quadriennal actuel.