Avec la crise sanitaire et les pénuries de matières premières, l'industrie automobile traverse une période creuse au niveau des ventes. Alors que les enjeux climatiques se font plus pressants et que le leader de la voiture électrique, Tesla, continue d'avancer à contre-courant, la transition énergétique pourrait bien rebattre des cartes au sein de ce marché.
En marge de la COP26, six constructeurs, dont Ford, General Motors et Daimler, ont signé un texte dans lequel ils promettent de s'efforcer "de faire en sorte que toutes les ventes de véhicules neufs soient à zéro émission dans le monde d'ici à 2040, et au plus tard en 2035 sur les grands marchés". Un effort qualifié de timide pour le secteur des transports, puisque la plupart des géants automobiles - Toyota, Volkswagen, l'Alliance Renault-Nissan, Hyundai et Stellantis - ne sont pas signataires. Comme le montre notre graphique, ces cinq groupes appartiennent au top 6 mondial : ils ont écoulé ensemble près de 40 millions de voitures en 2020, soit plus de la moitié du total vendu dans le monde.
Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer pourquoi la majorité de l'industrie automobile est réticente à faire cette promesse. D'abord la question du prix, qui reste un paramètre clé dans le passage du thermique à l'électrique, mais aussi des raisons d'ordre technologique. Certains constructeurs, comme Toyota, ont par exemple beaucoup investi sur les moteurs hybrides et ne veulent pas y renoncer pour le moment. Des critiques portent aussi sur le sens de développer la mobilité électrique dans des pays où l'électricité n'est pas encore décarbonée, ou encore sur l'efficacité et le recyclage des batteries.
Quoiqu'il en soit, la mutation du secteur est en marche et les tendances nous dirigent vers un monde où il y aura moins de voitures individuelles. La "mobilité partagée" est en train de transformer le marché et plusieurs grands constructeurs développent déjà des services dans ce domaine (Free2Move, WeShare, Share Now, ect.), tandis que le basculement vers l'électrique devrait en même temps faire de la voiture "un bien plus rare et plus cher", comme l'explique le journaliste économique Philippe Escande pour Le Monde.
En lien : le classement des constructeurs automobiles en 2019.