Les primaires politiques en France - Faits et chiffres
Malgré les enjeux et leur très forte couverture médiatique, ces primaires n’ont pas suscité de grandes passions parmi les Français : 66 % d’entre eux se déclaraient indifférents à celle des Républicains, et 60 % portaient un désintérêt équivalent pour le vote du Parti socialiste.
Pour autant, tous les débats télévisés de la droite et de la gauche ont rassemblé entre deux et six millions de téléspectateurs. Des débats par ailleurs déterminants qui ont permis au candidat du PS Benoît Hamon de percer dans l’opinion publique et ce, graduellement après le premier, le deuxième et enfin le troisième débat.
Car, si beaucoup de commentateurs voyaient en ces scrutins préliminaires un événement sans suspense dont les favoris avaient déjà leur place au premier tour de l’élection présidentielle en avril, il n’en fut rien : les primaires de la gauche, de la droite, comme celles des écologistes ont bouleversé l’échiquier politique de manière inédite. Les grandes figures politiques de ces dernières années ont été écrasées, tandis que de nouveaux visages ont émergé.
Les Français ont ainsi confirmé leur refus de voir l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy briguer un nouveau mandat à l’Élysée ; il a en effet été éliminé dès le premier tour du vote des Républicains. Et c’est son ancien Premier ministre François Fillon, pourtant présenté tout au long de la campagne comme le quatrième homme de ce scrutin derrière Bruno Le Maire, qui a déjoué tous les pronostics et a écrasé ses adversaires avec plus de 40 % des suffrages. Il disposait d’une telle avance qu’il était quasiment impossible pour son opposant Alain Juppé, bien que désigné comme le candidat naturel pour représenter Les Républicains à la présidence, de rattraper son retard.
De même, les Français ont clairement signifié leur rejet du bilan du gouvernement de Manuel Valls en l’écartant de la course à la présidentielle au profit de l’outsider Benoît Hamon, dont la popularité n’a cessé de grimper au fil des sondages en passant de 22 à 28 % des intentions de vote au premier tour pour finalement recueillir plus de 36 % des voix.
Ainsi, comme pour renier les stratégies politiques des partis tendant vers le centrisme et le consensus, chaque primaire a porté le candidat le moins modéré de sa famille politique : les Républicains ont choisi le thatchérien et très conservateur François Fillon, tandis que le Parti socialiste a opté pour le candidat défendant un programme résolument de gauche.
La primaire des écologistes, elle, a été beaucoup moins médiatisée, sans doute en raison de la perte de vitesse du parti Europe Écologie Les Verts qui n’a obtenu que 2,3 % des votes à la présidentielle de 2012 et souffre de fortes dissensions internes.