
Les modes de protection hygiénique traditionnels : tampons, serviettes et protège-slips jetables
En France, les types de protections menstruelles les plus utilisés sont les serviettes hygiéniques jetables. Plus de 50% des femmes menstruées indiquaient en utiliser régulièrement en 2021. Le deuxième produit le plus utilisé est le tampon, auquel près de 20% des femmes menstruées ont régulièrement recours, et le troisième, le protège-slip.Ces produits jetables, très pratiques, présentent néanmoins des défauts. D’abord, le caractère jetable provoque d’importantes quantités de déchets, alors que les consommateurs sont de plus en plus conscients de la pollution et des autres enjeux environnementaux. Ensuite, des doutes subsistent concernant la toxicité de ces produits. Des tests réalisés par 60 millions de consommateurs ont détecté dans les protections hygiéniques : des dioxines classées cancérogènes, des dérivés de chlore et des pesticides et herbicides, comme le glyphosate. Enfin, le tampon a été accusé de provoquer une maladie grave et potentiellement mortelle, appelée le « syndrome de choc toxique menstruel ».
Ces différents éléments ont conduit à une diminution de l’utilisation des trois types de protections menstruelles jetables au fil des années, avec une perte de deux millions de consommatrices de serviettes hygiéniques entre 2014 et 2021 et de trois millions pour les tampons. Certains consommateurs se sont alors tournés vers les protections menstruelles jetables écologiques, des produits promettant l’utilisation de moins de substances toxiques et contenant notamment du coton biologique. En 2022, les ventes de protections écologiques ont généré un chiffre d’affaires de près de 20 millions d’euros en France. Dans ce secteur, les marques leaders du marché français sont Always, Nana, Love & Green, Tadam’ et MDD. Johnson & Johnson Santé Beauté France, fabriquant de la marque Nett, et Procter & Gamble, produisant les marques Always et Tampax, figurent parmi les leaders du marché des protections hygiéniques.
Les nouveaux produits de protection hygiénique : coupes menstruelles, serviettes lavables et culottes menstruelles
Les différentes controverses concernant les protections hygiéniques jetables ont poussé certaines consommatrices à se tourner vers d’autres produits. Dans les années 2000, la serviette hygiénique lavable et la coupe menstruelle, ou « cup », ont fait leur apparition sur le marché français. Environ 10% des femmes menstruées utilisent la cup en France en 2021.Un nouveau type de lingerie spécialisée a également été développé : la culotte menstruelle. Inventée en 2014 par la marque Thinx aux États-Unis, cette culotte capable d’absorber le flux menstruel par un mécanisme de superposition de tissus, est rapidement arrivée en France. D’abord produite par de petites marques spécialisées, comme Marguette ou Réjeanne, elle est désormais vendue par des grandes marques comme DIM. Encore utilisée que par 7% des personnes menstruées en tant que protection première en France en 2021, elle est adoptée par de plus en plus de femmes et les estimations prévoient que le marché mondial de la culotte menstruelle atteindra une valeur de plus de 495 millions de dollars américains en 2026.
Les utilisatrices se tournent principalement vers la cup et la culotte menstruelle pour des raisons écologiques, mais aussi économiques, puisque le prix à l’achat est rapidement amorti par la réutilisation du produit. Inversement, les personnes n’utilisant pas de protections hygiéniques réutilisables invoquent un manque de confiance et un manque de connaissance de ces produits.
Le coût des protections hygiéniques : précarité menstruelle, gratuité et congé menstruel
La quantité de produits d’hygiène féminine utilisés varie selon les personnes, la moyenne tournant autour d’une dizaine de serviettes hygiéniques par mois. Cependant, environ 2,8 millions de Françaises utilisaient plus de 24 protège-slips mensuellement en 2021. L’achat de ces produits peut donc constituer une dépense importante pour les femmes, en particulier pour celles dont le budget est limité. Même en supposant que les protections hygiéniques ne couteraient que 10 euros par mois aux utilisatrices, ce montant représente déjà plus de 5% du budget restant après le paiement des coûts du logement, de l'alimentation et des transports, pour les 10% des Françaises ayant le niveau de vie le plus faible. Face à ces coûts importants, certaines personnes menstruées ne peuvent pas s’acheter suffisamment de protections périodiques et doivent donc s’absenter du travail ou se fabriquer elles-mêmes des protections, par exemple en papier toilette ou en papier journal. En 2021, 19% des Françaises indiquaient déjà avoir dû choisir entre l’achat de produits d’hygiène féminine et un autre achat de première nécessité et 15% s’étaient déjà fabriqué elles-mêmes des protections périodiques. Les jeunes femmes sont particulièrement touchées. En 2021, 17% des Françaises ayant entre 20 et 29 ans se trouvaient dans une situation de précarité menstruelle.Face à ces chiffres élevés, différents acteurs ont décidé d’agir. D’abord, le milieu associatif, comme l’association « Règles Élémentaires » qui lutte contre la précarité menstruelle et le tabou des règles. Ensuite, également l’Etat français qui, depuis septembre 2021, fournit des protections périodiques gratuites aux étudiantes dans les universités, résidences universitaires et sites de restauration universitaire. Depuis 2018, la LMDE, mutuelle des étudiantes, rembourse également une partie du coût des protections périodiques à ses adhérentes.
En Europe, le tabou des règles se lève petit à petit et diverses initiatives privées et publiques voient le jour. Outre des initiatives de distribution gratuite de protections périodiques dans des lieux publics, des restaurants ou encore au sein de certaines entreprises, comme on peut en voir au Royaume-Uni, en France ou en Allemagne, certains pays comme l’Espagne mettent également en place un congé menstruel, permettant la prise d’un nombre limité de jours de congé supplémentaires en cas de règles particulièrement douloureuses. La mise en place d’un congé menstruel dans l’hexagone serait soutenue par une grande majorité de Françaises./.