Le 7 janvier 2015, peu après 11h30, les frères Chérif et Saïd Kouachi entrent dans les bureaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, au 10 rue Nicolas Appert, à Paris. Armés de fusils d'assaut, les deux terroristes islamistes y tuent douze personnes, dont huit membres de la rédaction du journal : les dessinateurs Cabu, Charb, Wolinski, Honoré et Tignous, l'économiste Bernard Maris, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa Cayat et le correcteur Mustafa Ourrad. Le journal était depuis plusieurs années déjà la cible de djihadistes, depuis sa publication, en 2006, de douze caricatures du prophète Mahomet. L'attaque choque profondément, tout autour du monde : au delà de Charlie Hebdo, c'est la liberté d'expression qu'on attaque.
Dix ans après l'attentat contre la rédaction du journal, l'Ifop et Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec Charlie Hebdo, ont réalisé une enquête sur le rapport qu'entretiennent les Français avec la liberté d'expression, la satire et le dessin de presse. Comme le montre notre infographie, basée sur les résultats de cette enquête, plus de trois quarts des personnes interrogées en France en 2024 considéraient la liberté d'expression et de caricature comme un droit fondamental ; c'est 18 points de pourcentage de plus qu'en 2012 (58 %). De plus, 62 % des répondants se disaient favorables au droit de critiquer de manière outrageante une croyance, un symbole ou un dogme religieux (droit de blasphémer), et près de sept Français sur dix (69 %) disaient penser que les humoristes doivent continuer à rire de tout au nom de la liberté d'expression, et ce même si cela ne plaît pas toujours.
De façon intéressante, si une large majorité des Français interrogés (72 %) disaient avoir déjà lu des dessins de presse, 19 % disaient leur accorder plus d'importance depuis les attentats de Charlie Hebdo.