Le mouvement de contestation des agriculteurs se poursuit en France. Ils dénoncent la possible signature prochaine de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, accord également décrié par la classe politique française, les militants écologistes, les détracteurs du libre-échange ou encore les ONG spécialisées dans la santé alimentaire. Pour cause : cet accord, qui prévoit une quasi-suppression des droits de douane pour les échanges commerciaux entre l'UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) menace d'inonder le marché européen de denrées alimentaires produites à coûts moindres, et soumises à des normes environnementales et sanitaires bien moins exigeantes, créant une concurrence jugée déloyale par les agriculteurs. Les environnementalistes décrient quant à eux le potentiel impact écologique de cet accord : en plus des émissions de gaz à effet de serre produites par le transport de marchandises entre l'UE et l'Amérique du Sud, la déforestation dans les pays du Mercosur pourrait être accélérée de 5 % par an lors des six années suivant la ratification pour répondre à l'augmentation de la demande en viande bovine.
Alors que la colère des agriculteurs gronde, Lactalis, géant mondial des produits laitiers, a récemment annoncé avoir trouvé un accord avec ses producteurs pour une meilleure rémunération du lait. Une autre mesure a également surpris : la mise en place d'une prime liée au bien-être animal et aux pratiques écologiques. Cette annonce intervient alors que l'association France Nature Environnement lance « une campagne de surveillance et d'action en justice » contre Lactalis en raison de ses rejets dans les rivières, trois ans après que cinq de ses fromageries et laiteries aient été placées sous surveillance par l'État « en raison de non-conformités ou d'incidents récurrents ».
L'an dernier, les ventes de produits laitiers de Lactalis ont atteint près de 28 milliards d'euros, ce qui en fait le numéro un mondial de la filière, d'après des données compilées par l'institution financière Rabobank. La multinationale française devance ainsi le suisse Nestlé (dont les ventes de produits laitiers étaient de 22,3 milliards d'euros en 2023), ou encore Dairy Farmers of America (20,1 milliards d'euros). En quatrième position des plus grandes entreprises de produits laitiers au monde, on retrouve un autre Français : le géant Danone, avec des ventes de produits laitiers de 18,2 milliards d'euros en 2023.