Si plusieurs grandes compagnies pétrolières provenant du monde entier (États-Unis, Chine, Arabie saoudite, Europe, etc.) règnent sur le marché du pétrole, l'industrie de l'agrochimie, liée au secteur pétrolier et pilier de l'agriculture conventionnelle mondiale, est quant à elle dominée par une petite poignée d'acteurs. Une situation décrite comme un oligopole, qui désigne un marché sur lequel un petit nombre de vendeurs disposent du monopole de l'offre, les acheteurs étant très nombreux.
Comme le montre notre infographie, seule quatre multinationales règnent actuellement sur environ les deux tiers du marché mondial des semences et des pesticides. Dans l'ordre décroissant de leurs revenus dans ce secteur en 2020, il s'agit du géant allemand Bayer (18,8 milliards d'euros), du groupe suisse Syngenta (12,6 milliards d'euros), de l'américain Corteva (12,5 milliards d'euros) et de l'allemand BASF (7,6 milliards d'euros).
Il y a de ça quelques années, un cinquième acteur aurait pu être cité, Monsanto, mais l'entreprise américaine a été rachetée en 2016 par Bayer pour 66 milliards de dollars, accentuant encore davantage la concentration du marché. Ainsi, en 2020, Bayer, Syngenta, Corteva et BASF détenaient à elles seules 60 % des parts de marché mondiales sur les semences vendues dans l'agriculture et 70 % sur les produits phytosanitaires.
Une concentration qui n'est pas sans inquiéter l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation (FAO). En 2020, Olivier de Schutter, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, pointait du doigt dans une étude « l'évolution des rapports de pouvoir dans le secteur de l'agroalimentaire, et les impacts qu'elle engendre [...]. Ce secteur s’est fortement mondialisé et a basculé sous la domination de grandes sociétés transnationale. »