En voyage diplomatique à Taïwan alors que les tensions avec Pékin sont au plus haut, la présidente américaine de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, s'est rendue dans une usine de semi-conducteurs. La production de ces composants essentiels des puces électroniques, sur lesquelles repose l'informatique moderne, est au cœur de gros enjeux stratégiques. En représailles à la visite de la représentante américaine, la Chine a stoppé ses exportations de sable naturel (silice) vers Taïwan, un minéral qui se trouve être un ingrédient essentiel dans la fabrication de... semi-conducteurs.
Comme le montrent les chiffres de la base de données Comtrade, Taïwan est un champion dans ce domaine. En 2020, dernière année pour laquelle des données complètes sont disponibles, la valeur de ses exportations de puces électroniques s'élevait à plus de 120 milliards de dollars, soit un peu plus que son gigantesque voisin, la Chine, dont les expéditions sont chiffrées à 117 milliards de dollars. Si l'on compte ensemble la Chine, Hong Kong et Taïwan, la valeur des exportations en provenance de la région (près de 400 milliards de dollars en 2020) représente environ la moitié du total mondial.
Cette année-là, les États-Unis ont exporté des puces pour une valeur d'environ 44 milliards de dollars, soit trois fois moins que Taïwan, mais tout de même assez pour apparaître au septième rang mondial sur un marché dominé par l'Asie. En 1990, les États-Unis produisaient encore près de 40 % de la demande mondiale, et l'Europe à peu près autant. Mais l'arrivée sur le marché de la Corée du Sud, de Taïwan, puis de la Chine à partir des années 2000, a rapidement changé le paysage. En 2020, les États-Unis et l'Europe ne représentaient ensemble plus qu'environ 20 % de la production mondiale.
Avec les perturbations mondiales des chaînes d'approvisionnement et les pénuries qui ont eu lieu pendant la pandémie, plusieurs pays ont lancé des initiatives visant à relancer la production de ces composants stratégiques sur leur territoire. Avant les États-Unis, le Japon et l'Union européenne ont déjà annoncé des mesures pour relocaliser la fabrication de semi-conducteurs.