Plus de deux jours après la prise de Kaboul par les talibans, l'évacuation de diplomates, de ressortissants étrangers et d'Afghans ayant travaillé avec eux se poursuit dans des conditions difficiles au sein de la capitale. Selon le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, les opérations d'évacuation pourraient durer jusqu'au 31 août, date devant sceller la fin de l'intervention militaire américaine en Afghanistan.
Fraîchement arrivés au pouvoir, les talibans ont joué la carte de l'apaisement mardi, en annonçant que leurs adversaires seraient pardonnés et appelant la population à reprendre ses "habitudes de vie en pleine confiance". Mais la confiance sera dure à gagner pour nombre d'Afghans, qui redoutent le retour à une version ultra-rigoriste de la loi islamique, telle qu'elle était en vigueur dans le pays lors de la précédente prise de pouvoir des talibans (1996-2001).
Éprouvée par plusieurs décennies de conflits et de violences, la population Afghane comptait déjà plus de 2,8 millions de réfugiés à la fin de l'année 2020. Comme le montrent les données de l'IEP (Institut pour l'économie et la paix), la situation sécuritaire de l'Afghanistan s'était fortement dégradée ces dernières années, pendant les missions des États-Unis et de l'OTAN. Depuis 2011, le nombre d'attentats terroristes et de victimes a ainsi quadruplé, les insurgés talibans étant responsables de la grande majorité d'entre eux. En 2019, l'Afghanistan représentait 41 % de tous les décès liés au terrorisme dans le monde.
Cette flambée de violences a fait payer un lourd tribut à l'économie du pays, avec l'équivalent de 50 % du PIB perdu en 2019, contre environ 30 % en 2007, rendant tout progrès socio-économique extrêmement difficile. En raison de cette situation, en 2019, plus de trois quarts des Afghans déclaraient se sentir moins en sécurité que cinq ans auparavant.