À l'issue d'un conseil de défense et de sécurité nationale qui s'est tenu mercredi 15 mai au palais de l'Élysée, le Président de la République a décidé de déclarer l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie afin de faire face aux violences qui secouent actuellement le territoire. Depuis le début des émeutes, ce mardi 14 mai, cinq personnes ont perdu la vie, dont trois jeunes Kanaks, ainsi qu'un gendarme décédé à la suite d'un « tir accidentel » alors qu'une unité de gendarmerie configurait un véhicule blindé pour une mission de sécurisation. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé jeudi l'envoi de 1 000 membres des forces de l'ordre supplémentaires pour assurer la sécurité de l'archipel.
À l’origine de ces violences, l’adoption par l’Assemblée nationale d’une révision constitutionnelle prévoyant d’ouvrir le vote aux prochaines élections provinciales à tous les citoyens résidant en Nouvelle-Calédonie depuis dix ans, dont les indépendantistes kanaks, peuple autochtone mélanésien de Nouvelle-Calédonie, réclament le retrait. Ces derniers craignent en effet que cet élargissement ne nuise au vote kanak.
Colonisée par la France en 1853 sous Napoléon III, la Nouvelle-Calédonie est devenue un territoire d'outre-mer en 1946, et la nationalité française a été accordée à tous les Kanaks en 1957. Les Nations Unies considèrent la Nouvelle-Calédonie comme un « territoire non autonome », c'est-à-dire un territoire dont la population ne s'administre pas encore complètement elle-même. Comme le détaille notre infographie, 17 territoires sont actuellement considérés comme non autonomes par les Nations Unies, dont deux administrés par la France (la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française). Le Royaume-Uni administre encore à ce jour 10 territoires non autonomes, situés en Europe, dans l'Atlantique, les Caraïbes et le Pacifique.
Seul territoire non autonome d'Afrique, le Sahara occidental a également la particularité de ne pas avoir à l'heure actuelle de statut juridique définitif, et donc pas de puissance administrante, depuis que l'Espagne s'en est retirée en 1976. Le territoire est néanmoins revendiqué par le Maroc, qui en contrôle une grande partie, ainsi que par la République arabe sahraouie démocratique, État reconnu par l'Union africaine, mais non reconnu par la majorité de la communauté internationale.