Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest ont récemment annoncé leur désir de sortir du franc CFA : le Burkina Faso, le Niger, le Mali et dernièrement le Sénégal, où ce sujet était l'une des grandes promesses de campagne du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, entré en fonction en avril 2024. Vestige de la colonisation et de la Françafrique, le franc CFA est de plus en plus critiqué dans les pays africains, où il est perçu comme une violation de la souveraineté monétaire et un obstacle au développement industriel et économique.
Du fait de son fonctionnement basé sur un taux de change fixe avec l'euro (et avant cela, le franc français), le principal inconvénient du franc CFA est qu'il empêche les États concernés de mener une politique monétaire autonome et durablement différente de celle de la zone euro. Comme le résume l'économiste et ex-ministre togolais Kako Nubukpo : « Le franc CFA, accroché à l'euro par une parité fixe, est une monnaie qui donne l'impression d’être riche. Cela fait baisser le coût des importations, mais plutôt que produire par vous-même, vous avez alors tendance à importer ce que les autres produisent ». La parité fixe avec l'euro procure cependant au franc CFA une relative stabilité monétaire et crédibilité internationale (en comparaison à d'autres devises africaines plus volatiles), ce qui est l'une des raisons ayant jusqu'alors incité les pays utilisateurs à le conserver.
Le franc CFA est né le 26 décembre 1945, dans la foulée de la ratification des accords de Bretton Woods par la France. Il signifiait alors « franc des Colonies Françaises d'Afrique » (avant d'être renommé en 1958 « franc de la Communauté financière africaine ») et son but principal était de restaurer un moyen de paiement et de stockage de valeur sûr dans les territoires qui avaient été isolés de la métropole pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la décolonisation, le franc CFA a survécu en Afrique, même si le nombre de pays utilisateurs a varié. Certains États, comme la Guinée, les Comores et la Mauritanie, ont décidé de l'abandonner pour développer leur propre monnaie, tandis que d'autres, qui n'avaient jamais été colonisés par la France, ont choisi au contraire de l'adopter (Guinée équatoriale, Guinée-Bissau). Lors de l'introduction de l'euro, le 1er janvier 1999, la parité du franc CFA a été fixée à 655,957 francs CFA pour un euro, un taux de change qui est depuis resté inchangé.
Cette devise représente aujourd'hui deux monnaies communes utilisées par quatorze pays africains regroupés en deux zones, comme le détaille la carte ci-dessous. La première est l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), représentée par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, qui réunit le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. La seconde zone est la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), représentée par la Banque des États de l'Afrique centrale, qui regroupe le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, la République du Congo et le Tchad.