Dans un rapport publié au début du mois d’avril, l’agence européenne de coopération policière Europol dresse un constat inquiétant : le crime organisé n’épargne aucun pays d’Europe, et il représente « une menace majeure pour la sécurité intérieure » de l’Union européenne. L’analyse d’Europol, intitulée « Décoder les réseaux criminels les plus menaçants de l’UE », dresse un portrait inédit des réseaux criminels les plus menaçants d’Europe, et décrit en détail leur organisation, la nature de leurs activités criminelles, leurs lieux d’opération et leurs niveaux de contrôle territorial.
Europol identifie 821 organisations criminelles « menaçantes » opérant actuellement dans l’Union européenne, qui comptent au total au moins 25 000 membres. Une large majorité d’entre elles (86 %) ont recours à une structure commerciale légale - par exemple par la création d’entreprises légitimes – pour dissimuler leurs activités criminelles, mais également pour faciliter le blanchiment d’argent généré par ces activités : 96 % des réseaux criminels présents dans l’UE blanchiraient ainsi eux-mêmes leur argent. Sans surprise, 68 % des organisations criminelles ont également recours à la violence ou à l’intimidation, tandis que 71 % ont recours à la corruption pour faciliter leurs activités criminelles.
Les groupes présents en Europe sont principalement originaires d’Albanie, de Belgique, de France, d’Allemagne et d’Italie, mais 68 % d’entre eux sont composés de membres venant de différents pays : au total, 112 nationalités sont représentées dans ces réseaux. Plus de trois quarts d’entre eux (76 %) opèrent dans 2 à 7 pays, tandis que le reste sont présents dans plus de 7 pays.
Environ 50 % des organisations criminelles recensées par Europol sont principalement actives dans le trafic de drogue. Si le trafic de stupéfiants existe dans presque tous les pays de l’UE, les organisations criminelles y prenant part sont le plus souvent situées en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne, en Albanie et au Royaume-Uni, ainsi que dans plusieurs pays d’Amérique latine. Comme le souligne Europol, 82 % des réseaux criminels d’Europe se concentrent sur une activité criminelle principale. Au-delà du trafic de drogue, nombre d’entre eux pratiquent la fraude en ligne (50), le trafic de migrants (48), les cambriolages ou vols organisés (33), le vol de véhicules (19), ou encore le trafic d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle (18).
L’ampleur du crime organisé en Europe mise en lumière par ce récent rapport a de quoi inquiéter, et la capacité de résilience des groupes qui y prennent part est frappante : d’après Europol, 34 % d’entre eux« sont actifs depuis plus de dix ans [et sont] capables de maintenir leur influence et leur pouvoir, même si leurs dirigeants et leurs membres sont détenus ».