Cette semaine, l'Ukraine a enfin pu reprendre ses exportations de céréales, conformément à un accord international visant à atténuer la crise alimentaire mondiale. Alors que les expéditions étaient complètement bloquées depuis l'invasion russe, le 24 février, un premier bateau chargé de blé a quitté le port d'Odessa lundi à destination du Liban.
En tant qu'exportateur majeur de céréales et d'huiles végétales, l'Ukraine n'a pas pu apporter sa contribution sur les marchés mondiaux ces derniers mois, accentuant la flambée des prix agricoles ainsi que les craintes de famine et d'instabilité dans certaines régions du monde. Mais les marchandises ukrainiennes bloquées ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. En réaction à cette crise, plusieurs pays, comme la Russie, ont à leur tour cessé d'exporter certains produits alimentaires pour protéger leur propre approvisionnement, ce qui a eu un effet d'entraînement sur l'offre alimentaire mondiale.
Selon le suivi de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), 20 pays dans le monde interdisent actuellement l'exportation de 30 produits alimentaires, tandis que 6 autres ont imposé de lourdes restrictions à certaines exportations. Comme le met en avant notre carte, les effets se font surtout sentir dans les pays les plus pauvres, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient, qui sont généralement ceux qui dépendent le plus des importations pour couvrir leurs besoins alimentaires.
Le Kazakhstan, également un grand producteur de céréales, fait partie de ceux qui appliquent une stratégie très protectionniste en réponse aux perturbations du marché, ce qui affecte fortement les pays d'Asie centrale. D'autres, comme l'Inde, l'Iran ou la Turquie, sont à la fois acteurs et victimes de la situation : ils limitent actuellement leurs exportations, tout en étant affectés à un degré significatif par les restrictions d'autres pays.