Dans ce qui marque un nouveau seuil dans les sanctions imposées à la Russie suite à l'invasion de l'Ukraine, les pays de l'Union européenne (UE) se sont mis d'accord, lundi 30 mai, sur une interdiction progressive des importations de pétrole russe. Dans l'immédiat, seuls les flux par voie maritime sont visés, un compromis ayant été trouvé avec la Hongrie pour exempter le pétrole acheminé par oléoduc. L'interdiction concerne actuellement deux tiers de l'ensemble du pétrole fourni par la Russie à l'UE. Mais en tenant compte du fait que l'Allemagne et la Pologne se sont engagées à fermer le robinet de l'oléoduc Droujba, 90 % des exportations russes vers l'UE pourraient être arrêtées d'ici la fin de l'année.
Avant cet embargo, la Russie fournissait 27 % du pétrole importé par l'UE. Le chef du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré sur Twitter que cet accord allait permettre de "couper une énorme source de financement de la machine de guerre russe" et "d'exercer une pression maximale sur la Russie pour mettre fin à la guerre".
Comme l'illustre notre graphique, basé sur les dernières données Comtrade des Nations Unies, l'impact économique d'un arrêt des importations de l'UE est important, bien que la Chine reste de loin le plus grand client de la Russie pour le pétrole (33 % de la valeur exportée). En ne prenant en compte que les pays figurant en tête de liste des principaux importateurs, plus de 40 % de la valeur des exportations russes serait tout de même concernés en cas d'interdiction totale par l'UE, une situation dont on devrait se rapprocher quand l'Allemagne et la Pologne mettront fin à leurs importations par oléoduc.