L'accaparement des terres peut être défini comme l'achat, la location ou la concession de terres à des fins commerciales (principalement agricoles) auprès de pays en développement par des entreprises transnationales ou des organisations gouvernementales étrangères. Ce phénomène a connu un développement rapide ces dernières années, en particulier depuis la crise alimentaire de 2007-2008. Réalisé à large échelle, l'accaparement des terres peut avoir des conséquences sur la sécurité alimentaire des populations locales et sur l'environnement, et faire pression sur les ressources disponibles. Dans le monde, plus de la moitié des terres accaparées se trouveraient en Afrique, et plus de 20 % en Asie Pacifique et de l'Est.
Comme le révèle une analyse de la base de données Land Matrix, la République démocratique du Congo est le pays en développement (pays à faible revenu et revenu moyen inférieur) le plus touché par l'accaparement des terres, en matière de superficie cédée à des investisseurs étrangers. En RD Congo, des accords portant sur l'achat ou l'utilisation de plus de 9 millions d'hectares de terres ont été conclus depuis l'an 2000, ce qui représente plus de 4 % de la superficie totale du pays. Les terres acquises par les investisseurs étrangers sont principalement dédiées à l'exploitation forestière, l'extraction minière (cuivre, cobalt, etc.) et à l'agriculture industrielle, comme l'huile de palme. De nombreux pays en développement ont déjà cédé une grande partie de leur territoire à ce type de prédation foncière. Plus de 8 % de la superficie du Cameroun et près de 15 % de celle du Libéria est ainsi sous contrôle d'intérêts étrangers, en particulier de groupes agro-industriels produisant des denrées et matières destinées à l'exportation.
En Europe, l'Ukraine est également concernée par un accaparement foncier massif de la part d'investisseurs étrangers, essentiellement à des fins agricoles. Les transactions foncières conclues depuis 2000 dans ce pays couvraient environ 3,5 millions d'hectares, soit près de 6 % du territoire ukrainien.
Ailleurs dans le monde, si l'on étend l'analyse aux pays à revenu moyen supérieur, les terres du Pérou sont également particulièrement prisées, avec un peu plus de 16 millions d'hectares cédés ces vingt dernières années, en grande partie destinés à l'exploitation minière.