Une question revient souvent depuis le début de la pandémie : la mortalité du COVID-19 est-elle plus élevée que la grippe saisonnière ? Il est vrai que les épidémies de grippe les plus virulentes peuvent engendrer un excès de mortalité significatif au sein de la population, en particulier chez les personnes âgées. Mais les données disponibles à ce jour indiquent que le coronavirus est déjà bien plus meurtrier.
Un modèle statistique basé sur l'excès de mortalité et développé par Santé publique France permet d'estimer qu'il y a eu entre 8 100 et 14 400 décès attribuables à la grippe par an durant les trois dernières saisons grippales étudiées. Soit actuellement environ deux fois moins que le COVID-19, pour lequel 23 000 décès sont déjà recensés en France sur une période plus courte (et malgré les mesures drastiques de confinement). En comparant ces données, il faut aussi garder en tête que le bilan du coronavirus reste incomplet et qu'une vrai comparaison pourra être faite quand les statistiques basées sur la surmortalité seront publiées. Pour prendre l'exemple de la grippe, l'excès de mortalité mesuré grâce aux modèles statistiques est beaucoup plus élevée que la mortalité identifiée via les certificats de décès, avec une variation pouvant varier d'un facteur dix comme l'explique l'épidémiologiste Antoine Flahault.
Comme le montre notre infographie, la mortalité de la grippe saisonnière est également très variable d'une saison à l'autre. Aucun excès de mortalité n'a par exemple été constaté en 2015-2016 et en 2013-2014, alors que la saison grippale 2014-2015 fait partie des plus virulentes de la dernière décennie avec un excès global estimé à 18 300 décès (grippe et autres facteurs hivernaux). La mortalité de la grippe varie notamment en fonction de la virulence des souches virales en circulation et de la durée des épidémies.