Le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine déclenchait son « opération militaire spéciale » en Ukraine. Au millième jour de guerre, le conflit s'éternise et aucune issue ne se dessine. Si l'Ukraine vient d'obtenir l'autorisation d'utiliser des missiles américains à longue portée pour frapper le territoire russe, la Russie continue de son côté de grignoter du terrain grâce à une nouvelle offensive lancée début octobre 2024. À ce jour, la Russie occupe un peu moins de 20 % du territoire ukrainien, en comptant la Crimée, annexée en 2014. Selon des sources confidentielles citées par le Wall Street Journal en septembre dernier, le bilan humain de la guerre en Ukraine aurait dépassé un million de morts et blessés depuis février 2022, dont au moins 600 000 Russes.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la poursuite de l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine semble plus que jamais remise en question. De son côté, l'Union européenne (UE) a réaffirmé cette semaine, par le biais de la future cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, qu'elle soutiendra l'Ukraine « aussi longtemps que nécessaire ». La guerre en Ukraine cessera « quand la Russie comprendra qu'elle a commis une erreur, comme en Afghanistan, lorsqu'elle retirera ses troupes parce qu'elle comprendra qu'elle ne peut pas gagner en Ukraine », a ajouté Kallas.
Alors que la Russie est devenue le pays le plus sanctionné au monde en réaction à son agression militaire, la résilience manifestée par l'économie russe depuis le début de la guerre a surpris la plupart des observateurs. Outre le fait que la croissance de l'économie russe est artificiellement gonflée par les efforts de guerre, Moscou a également été en mesure de contourner une partie des sanctions de l'UE via des pays tiers. Comme le révèlent les données d'Eurostat publiées par l'application Voronoi, les exportations de l'UE vers les anciennes républiques soviétiques (Communauté des États indépendants, CEI) ont en effet doublé depuis le début de l'invasion russe, corroborant les inquiétudes selon lesquelles une partie des exportations européennes arrivent en Russie par l'intermédiaire de pays voisins.
En conséquence des sanctions de l'UE contre Moscou, les exportations de l'UE vers la Russie avaient fortement chuté, passant de 89 milliards d'euros en 2021 à 38 milliards d'euros en 2023. Mais en réaction, certains pays de la CEI sont devenus des intermédiaires entre l'UE et la Russie. Comme le montre notre infographie, les exportations de l'UE vers sept pays de la CEI - Kazakhstan, Moldavie, Ouzbékistan, Géorgie, Kirghizstan, Azerbaïdjan et Arménie - ont ainsi augmenté de 100 % au cours des trois dernières années, passant d'environ 16 milliards d'euros en janvier 2022 à 32 milliards d'euros en juillet 2024 (somme glissante sur douze mois).