La question des « déserts médicaux », expression qui désigne les territoires où l'accès aux soins est difficile ou impossible en raison du manque de professionnels de la santé, revient régulièrement sur le devant de la scène politique et médiatique. Les déserts médicaux, et de manière plus générale la répartition inégale des ressources médicales sur le territoire français, restent une préoccupation importante pour les Français ainsi que pour les pouvoirs publics. Les hôpitaux publics français ont en effet perdu près de 80 000 lits entre 2000 et 2020, et, comme le montre notre infographie, le nombre de maternités en France métropolitaine a été divisé par presque quatre en un peu plus de cinquante ans.
D'après les données de la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (DREES), la France comptait 1 747 maternités en 1972 ; elle n'en comptait plus que 456 en 2021. Si le nombre de naissances a également diminué depuis 1972, il est loin d'avoir connu une chute aussi drastique : la France a enregistré 911 161 naissances en 1972, 774 546 en 1975, et si elles ont continué à décliner dans les décennies qui ont suivi, elles se sont en général maintenues entre 700 000 et 800 000 environ par an.
La forte diminution du nombre de maternités en France s'explique par plusieurs facteurs. Le durcissement des normes les encadrant, amorcé dans les années 1970, a par exemple entraîné des regroupements de maternités. En 1998, les maternités françaises ont également été divisées en trois types, selon le degré de risques auquel elles sont capables de répondre. Les pouvoirs publics veulent ainsi regrouper les accouchements vers les maternités de type 2 et 3, qui sont équipées pour prendre en charge les grossesses à risques ainsi que les besoins en soins de néonatologie. De nombreuses maternités de type 1, uniquement capables de prendre en charge les naissances normales et les grossesses à bas risques, ont ainsi été fusionnées avec des établissements, généralement plus grands, pouvant offrir un plus large éventail de soins. Cette mesure, prise pour des raisons de sécurité, signifie néanmoins que de nombreuses patientes sont désormais obligées de parcourir de plus larges distances pour avoir accès aux soins obstétriques.