Une enquête conduite conjointement par le journal Le Monde et la cellule investigation de Radio France a révélé l'utilisation généralisée de techniques interdites de purification des eaux en bouteille par plusieurs grandes marques. Selon les informations communiquées cette semaine, au moins un tiers des marques françaises d'eau de source et d'eau minérale sont concernées, dont celles appartenant à Nestlé Waters, qui a reconnu avoir recouru à des traitements ultraviolets et de filtration au charbon actif sur certaines de ses eaux (Perrier, Vittel, Hépar et Contrex) pour maintenir "leur sécurité alimentaire".
Malgré tout, la réglementation interdit toute désinfection des eaux minérales, ces dernières devant être naturellement de haute qualité microbiologique (contrairement à l'eau du robinet). Informé depuis août 2021 des pratiques illicites du groupe Nestlé, le gouvernement avait, jusqu'à présent, tenté de gérer cette crise avec la plus grande discrétion.
Nestlé fait partie, avec Coca-Cola et Danone, des géants du business de l'eau en bouteille. Comme le montre infographie, deux des marques de la multinationale suisse font partie des huit plus consommées dans le monde : Perrier et San Pellegrino, avec respectivement 3 % et 2 % des parts de marché mondiales. C'est la marque d'eau plate en bouteille Dasani, lancée en 1999 par Coca-Cola, qui domine actuellement le marché, avec 12 % des parts mondiales, suivie par la marque française Evian (9 %), propriété du groupe Danone.
Le marché de l'eau en bouteille s'avère être extrêmement lucratif pour l'industrie agro-alimentaire. Au cours des dix dernières années, le volume d'eau embouteillé dans le monde a augmenté de plus de 30 % et devrait dépasser les 480 milliards de litres cette année. Dans le même temps, le chiffre d'affaires du marché a grimpé de près de 60 % et devrait s'élever à plus de 360 milliards de dollars en 2024.
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