Mardi 6 février, la Cour des Comptes a publié un rapport sur les stations de montagne de France. Le constat est implacable : « Le modèle économique de ski français s’essouffle » ; « le changement climatique a d’ores et déjà un impact significatif sur les finances publiques locales » ; « la production de neige [artificielle] ne suffira plus »... D'après la Cour des Comptes, les stations de ski françaises n'ont pas suffisamment pris en compte les effets du réchauffement climatique qui se font d'ores et déjà ressentir, et seules quelques unes d'entre elles peuvent espérer poursuivre leurs activités au-delà de 2050.
Comme le montre notre infographie, basée sur des données des domaines skiables de France, les stations d'Autriche, de France, d'Italie et de Suisse, qui font partie des six pays dans le monde qui accueillent le plus de touristes dans les stations de sports d'hiver, ont toutes recours en bonne partie aux canons à neige. L'activité de l'ensemble des domaines skiables alpins - qui regroupent plus de 1 600 stations et 11 000 remontées mécaniques - ne peut en effet plus se satisfaire de la neige naturelle depuis longtemps.
Ainsi, à la fin de la saison 2023, selon les données des gestionnaires des stations, 90 % de toutes les pistes situées dans les Alpes italiennes avaient recours à la neige artificielle. Les stations autrichiennes et suisses s'appuient également en grande partie sur les canons à neige : 70 % des pistes en Autriche et 49 % en Suisse. En France, ce taux s'élève à 40 % sur l'ensemble des domaines skiables. En Allemagne, en revanche, on mise encore en grande partie sur la neige naturelle : trois quarts des pistes n'utilisent pas de canons. Si ce pays compte le plus de stations de ski en Europe, il est important de préciser qu'elles sont beaucoup plus petites que chez ses voisins (1 800 remontées mécaniques en Allemagne, contre plus de 3 000 en France et en Autriche).
Le tourisme de montagne est une source de revenus importante pour de nombreux pays, mais également pour l'industrie des articles de sport. Selon les estimations de Statista, le chiffre d'affaires mondial des équipements de sports d'hiver s'élevait à environ 12 milliards d'euros en 2022. Cependant, l'utilisation croissante des canons à neige en raison du changement climatique fait progressivement évoluer les regards sur l'impact environnemental des sports d'hiver.
Selon un dossier de la Commission internationale pour la protection des Alpes (CIPRA), près de 1 000 litres d'eau sont nécessaires pour produire environ 2,5 mètres cubes de neige artificielle, soit environ un million de litres d'eau pour un hectare de piste. Les écologistes pointent ainsi du doigt l’épuisement progressif des réserves d’eau potables en montagne pour permettre l'enneigement artificiel, mais aussi l'érosion des sols et les atteintes à la biodiversité par la construction de bassins de collecte. Et d'après les chiffres du réseau de transport d'électricité RTE, la consommation électrique annuelle nécessaire a l'approvisionnement en neige artificielle des domaines skiables français est de 110 millions de kWh, ce qui représente l’équivalent de la consommation annuelle de 23 509 foyers.
Graphique actualisé le 7 février 2024. Si la nouvelle version ne s'affiche pas, nous conseillons de vider la mémoire cache du navigateur et d'actualiser la page.