Les Français sont-ils lassés de la vie politique nationale ? C'est le constat qui semble s'imposer au regard de l'abstention record enregistrée aux dernières élections régionales de juin, auxquelles moins d'un citoyen sur trois a participé, soit le niveau le plus faible de toute la Ve République. L'abstention a été particulièrement forte chez les jeunes, soit autour de 85 % pour les 18-34 ans. Un phénomène loin d'être nouveau, puisqu'une tendance à la baisse de la participation électorale est observée depuis quelques décennies déjà, notamment au sein des classes populaires et des générations les plus jeunes.
"Cela ne veut pourtant pas dire que nos jeunes sont dépolitisés, ou totalement désintéressés de l'actualité politique, au contraire", explique dans L'Express le sociologue politique Jérémie Moualek. "Cette génération montre simplement un rapport plus distant et critique vis-à-vis de la politique à la française, avec un souhait d'une représentation plus inclusive, plus horizontalisée", ajoute-t-il.
Le fait qu'une frange importante de la population ne se sent pas représentée par la scène politique est bien visible dans les résultats d'une enquête menée par Ifop en 2020. Cette dernière dresse un aperçu de la proximité partisane des Français et laisse entrevoir un paysage politique particulièrement éclaté et contesté. À l'image des élections, pour lesquelles le premier parti est bien souvent celui de l’abstention, la première "proximité partisane" est celle de ceux qui ne sont proches d'aucun parti, soit 26 %. Si trois quarts des personnes interrogées affichent une affinité, même minimale, pour une formation politique, aucune d'entre elles ne se détache vraiment. Les partis EELV, LREM, LR et le RN se retrouvent ainsi au coude à coude, obtenant entre 11,5 % et 14 %. Des scores qui reflètent la fragmentation de la scène politique nationale, qui a vu émerger une multitude de nouveaux partis ces dernières décennies.