Avec la crise sanitaire, la science a été projetée comme jamais à l’avant-scène de l’actualité. Et parmi les choses mises en exergue par la pandémie, le fait que le discours scientifique ne fasse plus forcément consensus au sein de la société est particulièrement visible. Un phénomène notamment observé à travers le mouvement "anti-masques", débuté il y a déjà plusieurs mois aux États-Unis, et qui gagne aussi du terrain en Europe, notamment en Allemagne où l'extrême droite a récupéré ce combat. Alors que le scepticisme envers la science constitue l'un des axes de la campagne de Donald Trump aux États-Unis, cette défiance semble être devenue un marqueur de clivage politique.
Le Pew Research Center s'est penché sur cette question à travers une étude internationale menée dans une vingtaine de pays. Bien que la définition de la droite et de la gauche politique soit quelque peu poreuse, et ce de façon plus ou moins prononcée selon le contexte politique propre à chaque pays, les résultats de l'étude révèlent tout de même des tendances intéressantes. Dans plusieurs pays, on observe en effet une corrélation significative entre l'orientation politique et le niveau de confiance accordé à la science, les personnes se considérant de "gauche" étant généralement plus nombreuses à penser que les scientifiques agissent pour le bien de l'intérêt public que les personnes dites de "droite". Comme le montre notre infographie, ceci est particulièrement vrai en Allemagne et au Royaume-Uni, mais plus encore outre-Atlantique. Aux États-Unis, le niveau de confiance varie par exemple de plus de 42 points de pourcentage selon l'affinité politique.
À l'inverse, il ne semble pas y avoir de corrélation entre l'orientation politique et la perception de la science en France et au Brésil. Dans ces deux pays, le niveau de défiance est particulièrement élevé et concerne aussi bien les personnes qui se considèrent de "gauche" comme de "droite". Dans l'Hexagone, seul un peu plus du tiers de l'ensemble des répondants déclare être convaincu que les scientifiques agissent pour le bien de l'intérêt général.