Comme le rapporte le dernier bulletin de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), « le phénomène climatique El Niño se poursuit dans l'océan Pacifique tropical au début du mois d'octobre 2023. Il est pratiquement certain qu'El Niño se maintiendra tout au long de l'hiver de l'hémisphère nord, et les chances d'un événement fort sont de 75 à 85 %. Un événement fort ne garantit pas de fortes répercussions à l'échelle mondiale, mais augmente les chances que des répercussions plus ou moins importantes se produisent dans des régions ayant l'habitude d'être affectées par El Niño ».
El Niño fait partie d'un phénomène climatique naturel appelé « oscillation australe El Niño (ENSO) », ayant pour origine une anomalie de température des eaux de surface du Pacifique Sud. Lorsque celle-ci est particulièrement marquée et positive (au moins +0,5 °C) on assiste à un épisode El Niño, mais dans le cas contraire (déficit thermique important) il s'agit du phénomène La Niña. Ces deux états opposés modifient tous deux considérablement les conditions météorologiques mondiales. Les cartes présentées ci-dessous, basées sur les données du service national britannique de météorologie (Met Office via BBC), donnent un aperçu de l'impact d'El Niño sur les températures et les précipitations autour du globe.
Lors de la survenue d'El Niño, les eaux de surface de l'océan Pacifique tropical, plus chaudes, libèrent davantage d'humidité et de chaleur dans l'atmosphère, ce qui conduit généralement à une hausse des températures mondiales. L'année 2016, la plus chaude jamais enregistrée, a par exemple été une année marquée par El Niño. Les effets régionaux du phénomène restent cependant variables et complexes, certains endroits pouvant être à la fois plus chauds et plus frais que prévu à différents moments de l'année. Les scientifiques avertissent qu'un retour du phénomène El Niño, en plus du réchauffement climatique, rend presque certain l'établissement d'un nouveau record de température mondiale dans les cinq prochaines années (2023 étant en bonne voie).
Au niveau des précipitations, le phénomène climatique El Niño entraîne généralement davantage de pluie sur la côte ouest de l'Amérique du Sud, le sud des États-Unis et le golfe du Mexique. À l'inverse, les régions tropicales telles que la façade nord-est de l'Amérique du Sud, l'Asie du Sud-Est, l'Australie et l'Afrique centrale ont tendance à connaître des conditions plus sèches. De plus, en affectant les schémas de circulation atmosphérique, El Niño entraîne généralement plus de tempêtes tropicales dans l'ouest du Pacifique, mais moins d'ouragans dans l'Atlantique.
Les phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par El Niño peuvent affecter les infrastructures, ainsi que les systèmes alimentaires et énergétiques dans le monde entier. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les sécheresses et les inondations provoquées par le phénomène El Niño de 2015-2016 avaient affecté la sécurité alimentaire de plus de 60 millions de personnes, en particulier en Afrique, en Asie du Sud, en Océanie et en Amérique du Sud.