Aux États-Unis, pays pourtant connu pour sa chasse antisyndicale, les syndicats semblent opérer un retour significatif. Alors que les géants technologiques Apple et Amazon ont vu naître leurs premiers syndicats sur le sol américain l'an dernier, les mouvements de grève se multiplient outre-Atlantique ces derniers mois, avec des actions concernant des secteurs aussi variés que l'industrie du cinéma (Hollywood), l'aviation, la logistique et l'automobile (Ford, GM et Stellantis).
Selon les données du Bureau des statistiques du travail (U.S. Bureau of Labor Statistics), de janvier à septembre 2023, plus de 335 000 travailleurs ont entamé une grève aux États-Unis, soit un chiffre déjà 2,5 fois plus élevé que la moyenne annuelle mesurée de 2000 à 2020 (130 000 grévistes).
Comme le retrace notre graphique, les mouvements sociaux étaient encore plus courants aux États-Unis dans les années 1950 à 1970, où l'on dénombrait plus d'un million de salariés en grève chaque année (ou presque). Les records nationaux remontent à 1952 et 1949, avec respectivement 2,75 millions et 2,54 millions de participants, suivis de 1970 et 1971 (environ 2,5 millions).
Dans les années 1980 et 1990, les mouvements de grève ont drastiquement diminué aux États-Unis, en raison notamment de la baisse du nombre de personnes employées dans les secteurs traditionnellement syndiqués, telle que l'industrie lourde, et des efforts de démantèlement des syndicats.
L'année 1986 est la dernière année où l'on dénombre plus de 500 000 salariés en grève dans le pays. Les mouvements de grève des employés du secteur de l'éducation de 2018 et 2019 avaient de nouveau mobilisé un nombre similaire de personnes, sans toutefois atteindre ce seuil.
Dans le détail, les revendications des salariés américains concernent aujourd'hui principalement les salaires, la couverture médicale, les retraites et la dotation en personnel (statistiques de l'année 2022).