Mesurer l'efficacité de l'action des pouvoirs publics est très important, à la fois pour justifier de son bien fondé dans un contexte de perte de confiance envers les institutions, mais aussi afin de pouvoir savoir ce qu'il est bon de reproduire ou non dans le futur.
Des chercheurs de l'Imperial College de Londres ont cherché à évaluer l'effet des mesures de confinement sur le bilan de l'épidémie de coronavirus en Europe. À partir d'un modèle mathématique basé sur le nombre de décès recensés dans onze pays européens jusqu'au 4 mai, ils ont calculé qu'environ 3 millions de vies avaient pu être épargné à cette date grâce à l'intervention des pouvoirs publics. Bien entendu, les chercheurs soulignent que les résultats obtenus sont avant tout destinés à offrir un aperçu général de la situation. Il existe en effet un degré d'imprécision relatif à la différence des modes de collecte des données (décès) et à la variabilité des mesures de confinement entre ces pays.
Selon le scénario construit par les chercheurs, c'est en France que le nombre de vies épargnées grâce au confinement serait le plus élevé. Les mesures telles que les restrictions de déplacements et les fermetures de lieux publics auraient ainsi permis d'éviter près de 700 000 décès dans l'Hexagone jusqu'à début mai, soit plus de vingt fois le bilan actuel. Comme le montre notre graphique, le nombre de vies sauvées est plus élevé dans les pays européens les plus peuplés. Les mesures prises en Italie, Allemagne, Royaume-Uni et Espagne auraient ainsi permis d'éviter respectivement entre 450 000 et 630 000 morts. Ramené à la taille de leur population, l'impact de l'intervention non pharmaceutiquedes pouvoirs publics en Belgique, en Autriche et en Suisse est également important.